Lors de cette rencontre organisée à l’initiative de l’Institut Royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc dans le cadre de la 10è édition des « Rendez-vous de la Philosophie », les deux protagonistes se sont efforcés de définir le concept de l’universalisme et à le lier à l’humanité globale, fondée sur le respect du pluralisme culturel et linguistique, en rupture avec « l’hégémonie occidentale ».
Le philosophe français, Frédéric Worms, a expliqué que « l’universalisme ne se comprend que par contraste, en identifiant ce qui est commun et en le comparant avec ce qui est fragmenté et spécifique », notant que l’universalisme porte une signification de fragmentation et de division d’un côté, et de reconnaissance des spécificités des expériences individuelles de l’autre.
Il a ajouté, dans ce cadre, qu’une vision globale et réaliste de l’universalisme global unifié passe par la reconnaissance des divisions sociales, culturelles, linguistiques et religieuses, appelant à surmonter ses dissensions à travers le dialogue en vue de construire un monde harmonieux et solidaire.
Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a, pour sa part, critiqué la philosophie occidentale qui considérait la culture européenne comme le centre et la norme en marginalisant les autres cultures et en niant le rôle de la philosophie islamique dans la transmission de la pensée grecque ancienne, grâce à des figures comme Al Farabi, Ibn Sina et Ibn Rochd.
Au cours de cette rencontre placée sous le thème « L’universalisme contesté », il a insisté sur la nécessité de croire à un « universalisme horizontal » basé sur l’égalité, évoquant, à cet égard, la conférence de Bandung (1955), un événement marquant qui a reconnu la l’égalité entre toutes les cultures et les langues du monde.
M. Diagne a, en outre, abordé les défis environnementaux et sanitaires globaux, précisant dans ce sens que « notre bonne santé dépend aussi de celle des autres », une leçon tirée de la pandémie de Covid-19″.
Les « Rendez-vous de la Philosophie », organisés par l’Institut français du Maroc en partenariat avec des institutions marocaines et françaises, célèbrent une décennie d’échanges intellectuels entre l’Europe et l’Afrique.
A l’occasion de cette 10è édition, animée par l’écrivain marocain Driss Ksiks et le philosophe français Camille Riquier, quatre soirées philosophiques se sont tenues dans différentes villes du Maroc, entre le 11 et le 16 novembre. Ces rencontres ont exploré le thème de l’universalisme en s’interrogeant sur ses objectifs, ses contextes d’application, et l’état actuel de l’humanité.
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