En effet, le 9 mai dernier, un décret portant sur l’attribution d’une carte spéciale a été promulgué. Et il a été décidé qu’une première phase d’expérimentation serait opérée dans certaines provinces avant une généralisation progressive à l’ensemble du territoire du Royaume. Aujourd’hui, plusieurs associations œuvrant dans le domaine du handicap estiment que ce projet a trop tardé.
Dans un communiqué publié dernièrement, une coalition d’associations estime que « ce retard dans la finalisation et la distribution des cartes dédiées aux personnes en situation de handicap met en évidence une série de problématiques liées à la politique publique d’inclusion sociale et de protection des droits des populations vulnérables ».
Les membres de cette coalition se disent inquiets face à ce retard, qui compromet, selon eux, directement l’engagement du gouvernement en faveur de l’amélioration des conditions de vie des enfants handicapés. Cette situation suscite également des interrogations sur l’efficacité des mécanismes administratifs et la volonté politique de répondre aux besoins urgents des personnes handicapées, précisent-ils.
Une coalition de 500 associations en alerte
La Coalition, regroupant près de 500 associations actives dans l’accompagnement scolaire et social des enfants handicapés, a exprimé également « une profonde préoccupation quant à l’absence de transfert de l’aide annuelle destinée à ces organisations. Cette aide représente un levier crucial pour la mise en place d’actions concrètes en faveur de l’inclusion des enfants en situation de handicap dans le système éducatif. Or, ce retard risque d’engendrer des conséquences graves, notamment la suspension de certains services d’appui à la scolarisation ».
Lors de réunions tenues avec la ministre de la Solidarité, de l’Inclusion sociale et de la Famille, la Coalition a proposé un ensemble de mesures destinées à améliorer l’accès aux droits des enfants handicapés. Ces propositions incluent la mise en place d’un système d’accompagnement personnalisé pour ces enfants ; l’intégration effective de cette catégorie dans le système de protection sociale ; l’élaboration d’un mécanisme de concertation permettant une action conjointe entre les différents acteurs.
« Cependant, trois mois après ces échanges, aucune avancée significative n’a été observée, laissant les associations dans une incertitude totale quant à l’avenir », indique le communiqué.
Les conséquences d’une inaction prolongée
Le retard accumulé dans la distribution des cartes et le versement des aides financières pourrait affecter directement la situation de plusieurs groupes, indiquent les acteurs associatifs. D’abord, les enfants handicapés. Privés des avantages liés à ces cartes, ils risquent d’être exclus de nombreux services essentiels. Ensuite, les familles. Déjà confrontées à des dépenses élevées pour prendre en charge leurs enfants, elles verront leur situation financière encore plus fragilisée. Et enfin, les travailleurs sociaux. En effet, près de 9.000 professionnels, engagés dans l’accompagnement de cette population, pourraient subir des retards de paiement ou des réductions d’activité, menaçant leur emploi et la qualité des services offerts.
Appel à une action urgente
La Coalition exhorte la ministre de la Solidarité, de l’Inclusion sociale et de la Famille à assumer ses responsabilités en matière de droits des personnes handicapées et à accélérer le processus de distribution des cartes afin de garantir un accès immédiat aux services avec des prix réduits. Ainsi qu’à débloquer les aides financières annuelles pour permettre aux associations de poursuivre leurs activités et à établir un cadre de consultation régulier avec les associations pour co-construire des solutions durables.
En l’absence de mesures concrètes et rapides, la Coalition envisage de lancer une série d’actions de plaidoyer visant à protéger les droits des enfants handicapés, de leurs familles et des travailleurs sociaux. Ces actions seront détaillées lors d’une prochaine communication.
« Ce retard met en lumière les défaillances structurelles dans la mise en œuvre des politiques sociales au Maroc. Il est urgent que le gouvernement prenne les mesures nécessaires pour honorer ses engagements et garantir l’accès équitable aux droits fondamentaux des personnes en situation de handicap. Une approche inclusive et collaborative avec les acteurs associatifs est indispensable pour assurer une protection sociale efficace et durable », a conclu un acteur associatif sollicitant l’anonymat.
Hassan Bentaleb
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