Un positionnement assumé sur la Palestine
Le Premier secrétaire a exprimé, avec hauteur de vue, une position équilibrée sur la question palestinienne. Refusant les surenchères idéologiques, il a réaffirmé l’engagement du Maroc, officiel et populaire, sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods. Pourtant, certains « analystes » se sont empressés de minimiser cette prise de position, révélant davantage leurs arrière-pensées partisanes que leur capacité d’analyse.
Cette attitude occulte la singularité marocaine : un soutien indéfectible à la cause palestinienne, fondé sur des principes constants, et non sur des fluctuations conjoncturelles ou des calculs politiciens.
Une diplomatie nationale cohérente, de la Palestine concernant le Sahara marocain
Les propos de M. Lachguar sur la question du Sahara marocain s’inscrivent dans une continuité stratégique. Il a rappelé la nécessité de réinterroger l’approche onusienne et de capitaliser sur les acquis diplomatiques historiques : reconnaissance par des puissances majeures, retrait de reconnaissance de la pseudo-«RASD» par plusieurs pays, et dynamique des consulats dans les provinces du Sud.(Laâyoune et Dakhla).
Mais là encore, le silence a dominé. Où sont les analyses qui replacent ces succès dans une lecture globale des équilibres diplomatiques ? Où est la reconnaissance du rôle actif de l’USFP dans la diplomatie parallèle progressiste, notamment en Amérique latine et au sein de l’Internationale socialiste ?
Un avertissement ignoré sur le bilan gouvernemental
M. Lachguar a alerté sur la tentative du gouvernement de présenter un bilan à mi-mandat, en pleine crise sociale et économique. Il y voit une manœuvre de diversion, destinée à masquer les échecs en matière d’emploi, de cherté de la vie et de dialogue social.
Cet avertissement, pourtant capital, a été escamoté. Le discours gouvernemental, porté de façon fragmentée par des ministres en quête de visibilité, trahit l’absence de cohésion et de solidarité gouvernementale. Un constat alarmant, renforcé par les tentatives de contrôle des institutions de gouvernance, contre lesquelles le Souverain a dû rappeler, à travers ses nominations récentes, l’exigence d’indépendance.
Le risque d’un pouvoir sans contrepoids
L’alerte lancée par M. Lachguar sur le risque de « surpuissance » de la majorité actuelle mérite l’attention. En contrôlant l’exécutif, les collectivités territoriales, les chambres professionnelles, cette majorité fragilise les équilibres démocratiques et marginalise l’opposition.
Mais malgré cette mainmise institutionnelle, les résultats sont décevants : flambée des prix, montée du chômage, creusement des inégalités. Pire encore : l’absence de débat public sur les questions électorales, à l’approche d’échéances électorales en 2026 et en 2027.
Une réforme électorale à l’ombre des projecteurs
Le Premier secrétaire a soulevé des points fondamentaux : l’impact du dernier recensement sur la carte électorale, la nécessité de repenser le découpage électoral, le mode de scrutin, le seuil électoral, l’inscription des électeurs… Autant de sujets qui devraient ouvrir un grand débat national.
Mais le silence des médias et des analystes interroge. Souhaite-t-on redessiner le paysage électoral dans l’ombre, sans la participation de l’opposition et des citoyens ? Une telle démarche porterait un coup dur au pluralisme et à la confiance démocratique.
Un enjeu majeur à l’horizon 2030
Cette réflexion prend une dimension encore plus grave à l’heure où le Maroc se prépare à accueillir un événement mondial: la Coupe du Monde 2030. Il est impératif de projeter une image de pays moderne, transparent, s’appuyant sur des institutions fortes et ouvertes au dialogue. Comment peut-on aspirer à cette image à l’international, tout en réduisant l’espace du débat démocratique en interne ?
Un appel à un nouveau pacte politique
Le message de Driss Lachguar dépasse le cadre partisan. Il s’agit d’un appel sans appel, pour un nouveau contrat démocratique entre la majorité et l’opposition. Un contrat fondé sur la responsabilité, la participation, et le respect des règles du jeu institutionnel. L’USFP s’inscrit pleinement dans cette dynamique, que ce soit dans l’opposition ou dans une future coalition gouvernementale responsable, notamment en perspective des grands chantiers de 2030.
Entre parole et action : un parti en mouvement
Mais pour transformer cette ambition en réalité, l’USFP doit renforcer ses structures locales et régionales, mobiliser ses organisations parallèles, et renouer avec les attentes concrètes des citoyens. Cela passe par une sélection rigoureuse des candidats, des programmes électoraux réalistes, et des campagnes électorales exemplaires.
Ce n’est qu’à ce prix que la confiance pourra être rétablie et que l’USFP pourra incarner une alternative politique crédible, porteuse d’un projet national à la hauteur des enjeux.

Le silence autour du discours de Driss Lachguar n’est pas anodin. Il révèle un malaise, une gêne face à une vérité dérangeante. Mais au-delà de ce silence, ce discours marque peut-être le début d’un renouveau : celui d’une parole politique audacieuse, enracinée dans les réalités du pays, tournée vers un avenir juste, équilibré, et démocratique.
Par Mohamed Assouali
Membre de la Commission nationale d’arbitrage et d’éthique – USFP.
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