Nous ne faisons pas de politique avec des paniers de vivres. Nous nous adressons aux consciences et aux esprits critiques

Anwarpress FR dimanche 13 avril 2025 - 18:18
L’USFP est depuis toujours constant dans son engagement pour la cause palestinienne, refusant les récupérations politiques et les slogans opportunistes
Il est des passages médiatiques qui résonnent longtemps après leur diffusion. Celui de Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), vendredi soir sur les ondes de MedRadio, dans le cadre de l’émission « Bidoun Louhgat Khashab » (Sans langue de bois), appartient à cette catégorie où la parole politique retrouve sa densité, son tranchant et sa vérité. Dès les premières minutes de l’émission, le ton est donné. «Nous, dans l’opposition, nous nous distinguons les uns des autres selon l’idéologie de chaque parti, ses positions et sa vision des ques tions et sujets posés», a lancé Driss Lachguar, af firmant d’emblée que l’USFP n’a jamais sombré dans l’opposition de façade ni dans l’opposition spectacle.

Entre soutien responsable et critique constructive

L’USFP, a-t-il précisé, « ne s’oppose pas pour s’opposer ». Il a tenu à rappeler que certains chan tiers nationaux, portés par des initiatives Royales, méritent naturellement l’adhésion de toutes les forces patriotiques. Parmi eux : la généralisation de la protection sociale, le plan hydrique, ou encore la stratégie de sécurité énergétique. « Ces projets, par leur nature et leur ambition, ne peuvent que recueillir notre soutien », a-t-il déclaré. Mais ce soutien, avertit-il, n’est pas un chèque en blanc. Ce sont les modalités de mise en œuvre, souvent erratiques et mal encadrées, qui inquiètent. La gestion gouvernementale actuelle risque, selon ses mots, «d’aboutir à leur effondrement ou à l’ab sence de résultats tangibles». Sur le terrain, les Ma rocains le ressentent déjà. Le chantier de la couverture sanitaire universelle, par exemple, reste tributaire d’une coordination intersectorielle qui fait cruellement défaut. Sur ce point, l’USFP, af firme le Premier secrétaire, joue pleinement son rôle de parti d’opposition : il dénonce les dérives, mais propose également des alternatives.

Une opposition de fond face à une majorité hégémonique

Fidèle à sa tradition de rigueur et de respon sabilité, l’USFP n’a pas hésité à agir. Une motion de censure a été déposée. «Il ne s’agit pas d’un coup d’éclat, mais d’un acte politique assumé», a martelé le dirigeant ittihadi. L’objectif ? Briser l’hé gémonie d’un gouvernement qui, sous couvert d’une majorité parlementaire confortable, tente d’éteindre le débat public et d’imposer sa propre lecture de l’avenir du pays. Cette volonté d’étouffer les contre-pouvoirs s’étend, selon lui, jusque dans les régions et les pro vinces. Les déséquilibres institutionnels y sont fla grants. Dans ce contexte, Driss Lachguar a exhorté le chef du gouvernement à convoquer une réu nion avec les partis de l’opposition. «Il est grand temps de débattre franchement des enjeux actuels, sans détours, sans langue de bois», a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a pointé un choix stratégique dé sastreux : celui de privilégier l’importation de bétail au détriment du soutien aux petits agriculteurs et éleveurs. «Le gouvernement n’a fait que conforter les positions des lobbies et des spéculateurs», a-t il regretté. Pour dénoncer cette dérive, l’USFP a adhéré à l’initiative de création d’une commission parlementaire d’enquête. Un acte courageux, vu les obstacles posés par un quorum difficile à at teindre sous une majorité écrasante.

Mémoire politique et mise au point historique

 Le blocage gouvernemental de 2016 n’a pas été oublié. «Abdelilah Benkirane est le principal responsable de cette paralysie», a affirmé Driss Lachguar, sans ambages. Il a rappelé que l’USFP, à l’époque, avait manifesté une volonté sincère de contribuer à un gouvernement pluraliste, dans le respect des institutions. Mais l’ancien chef du gou vernement, usant de manœuvres politiciennes, avait préféré l’exclusion à la concertation. Une at titude qu’il juge encore aujourd’hui destructrice.

L’urgence de restaurer le débat politique

 Le constat est sans appel : le débat politique a déserté les institutions. A sa place ? Un bruit de fond numérique, souvent alimenté par des cam pagnes de dénigrement anonymes. Lachguar ne se voile pas la face : «Ce que je dis, je le dis avec fran chise et sens des responsabilités. Nous n’avons pas peur de dire la vérité, quelles qu’en soient les conséquences».

L’USFP agit, propose, interpelle et construit, dans les deux Chambres du Parlement comme dans les syndicats, les associations et les collectivités locales 

Il appelle à restaurer le débat sé rieux, ancré dans la réalité, loin de l’écume des réseaux sociaux. Et à ceux qui cherchent à intimider les mili tants par des campagnes de déstabilisation en ligne, sa réponse est claire : «Les attaques sur les réseaux sociaux ne nous atteignent pas. Elles ne sauraient ébranler nos convictions».

Une force militante toujours en mouvement

 Face à cette dégradation du débat public, l’USFP reste mobilisé. Conférences, rencontres, interventions sur le terrain : la dynamique est bien réelle. «Nous ne faisons pas de politique avec des paniers de vivres. Nous nous adressons aux consciences, aux esprits critiques, aux jeunes», a-t il souligné, rappelant que le rôle du parti va bien au-delà des logiques électorales. C’est une école de formation, un creuset de mobilisation, un acteur structurant dans tous les champs de la vie pu blique. L’USFP, a-t-il affirmé, «agit, propose, inter pelle et construit, dans les deux Chambres du Parlement comme dans les syndicats, les associa tions et les collectivités locales».

Une fidélité constante à la cause palestinienne 

Sur la question palestinienne, Driss Lachguar s’est montré particulièrement ferme. «Nul ne peut nous donner de leçons», a-t-il insisté. L’USFP est depuis toujours constant dans son engagement pour la cause palestinienne, refusant les récupéra tions politiques et les slogans opportunistes. Il a dénoncé les tentatives d’instrumentalisation me nées par certains groupes qui cherchent à imposer une lecture binaire, voire manipulée, de ce drame humain. « Ce que je dis sur la Palestine, je le dis avec conviction. Nous ne sommes pas dans la posture. Nous sommes dans l’action sincère», a-t-il martelé. Et d’ajouter: «Nous soutenons une résistance po pulaire qui produit un effet réellement positif». Il a rappelé que la position du Maroc, peuple et institutions confondus, a toujours été limpide : soutien au droit du peuple palestinien à un Etat in dépendant, avec Al-Qods pour capitale. «Personne n’a le droit de remettre en cause cet engagement», a-t-il déclaré, avec une gravité digne des enjeux en cours.

Vers 2026 : responsabilité, lucidité, ambition

Alors que les échéances électorales de 2026 se profilent à l’horizon, le leader usfpéiste a lancé un appel aux militantes et militants ittihadis. Il les a in vités à la mobilisation, à la constance et à l’ambi tion. «Tournez-vous vers l’avenir avec optimisme et espérance», a-t-il dit. Une injonction qui sonne comme un testament politique pour les mois à venir. Le passage de Driss Lachguar sur MedRadio ne fut pas une simple déclaration médiatique. Il fut une démonstration de ce que peut être la parole politique quand elle est portée par une conscience lucide, une pensée articulée et une responsabilité assumée.

Mehdi Ouassat 


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