Ils sont poursuivis pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terro riste, a indiqué samedi le parquet national antiterroriste (Pnat), confirmant des infor mations obtenues par l’AFP de sources proches du dossier. Ils sont également mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Vendredi soir, une juge des libertés et de la détention a placé en détention pro visoire ces hommes âgés d’une cinquan taine à une soixantaine d’années, avait constaté une journaliste de l’AFP. L’un d’eux travaille dans un consulat d’Algérie en France, d’après plusieurs sources proches du dossier.
« La question de l’immunité diploma tique se posera dans la procédure » pour ce suspect, qui ne bénéficie pas d’un passe port diplomatique, mais d’un passeport de service, a souligné l’une des sources. L’enquête a aussi mené à un « père de famille » franco-algérien, « proche » de ce membre du consulat, selon plusieurs sources proches du dossier.
Le troisième suspect connaissait les deux premiers. L’analyse du bornage téléphonique a notamment conduit les enquêteurs jusqu’au consulat d’Algérie, a appris l’AFP de source proche du dossier. Sur les quatre gardes à vue, révélées par le journal Le Parisien, une a été levée. Amir Boukhors, alias « Amir DZ », est un influenceur algérien installé en France depuis 2016, dont l’Algérie réclamait le re tour pour le juger.
Alger a émis neuf mandats d’arrêt in ternationaux à son encontre, l’accusant d’escroquerie et d’infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition. Amir DZ a obtenu l’asile po litique en 2023.
L’influenceur, âgé de 41 ans et suivi par plus d’un million d’abonnés sur Tik Tok, a fait « l’objet de deux agressions graves, une en 2022 et une autre dans la soirée du 29 avril 2024 », a rappelé à l’AFP son avocat Eric Plouvier. L’enquête, ouverte au parquet de Cré teil, a été reprise par le Pnat en février der nier.
« Ce tournant judiciaire, avec l’arresta tion d’agents liés au régime algérien et leur présentation à un juge, révèle que les faits du 29 avril 2024 sont une affaire d’Etat », a affirmé Me Plouvier. « L’Algérie, n’a pas hésité à mener une action violente sur le sol français par l’intimidation et la ter reur », a dénoncé l’avocat. Alger a d’abord « tenté de le neutraliser avec les mandats d’arrêt » puis, devant le refus de l’extrader, « a voulu venir le cher cher directement sur le sol français en l’en levant », a avancé le conseil.
Enlevé le 29 avril 2024 dans le Val-de Marne, l’influenceur avait été relâché le 30. Dans sa plainte, consultée par l’AFP, Amir DZ avait raconté aux policiers que ses ravisseurs avaient « fait les surpris » en découvrant son identité, pensant plutôt « qu’il avait détourné un camion de drogue », puis l’avaient libéré. Samedi, une source proche du dossier a appelé à la prudence après les trois mises en examen, redoutant que la suite des in vestigations ne révèle « un dossier vide », avec des suspects apparaissant comme des fusibles. Les avocates des mis en cause, dont Véronique Massi et Clotilde Garnier, n’ont pas souhaité s’exprimer. Le nom d’Amir Boukhors est récem ment apparu dans une autre information judiciaire, celle-ci ouverte par le parquet de Paris.
Dans ce dossier, un employé du minis tère français de l’Economie a été mis en examen en décembre, soupçonné d’avoir livré des informations sur des opposants au régime algérien, dont Amir Boukhors, à « une personne de nationalité algérienne travaillant au consulat d’Algérie de Cré teil », selon le parquet.
D’après une source proche de cette en quête, cet agent demandait à l’employé de Bercy des informations sur des ressortis sants algériens, dont des opposants connus tels que Amir Boukhors et Moha med Larbi Zitout, ou encore un journa liste réfugié, un Algérien ayant porté plainte en France contre un général, des personnalités influentes comme l’influen ceur Chawki Benzehra.
Ces personnes ont, pour « certaines », été « victimes de violences, menaces de mort ou tentative d’enlèvement », a souli gné cette source proche, sans donner da vantage d’éléments sur le lien éventuel de causalité.
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