Juliette Binoche est l’une des très rares actrices ayant remporté un prix d’interprétation dans les trois grands festivals de cinéma, à Cannes, Venise et Berlin
Rare Française à avoir reçu un Oscar, elle a travaillé avec ses compatriotes Jean-Luc Godard, Leos Carax, le Polonais Krzysztof Kieslowski, le Canadien David Cronenberg ou l’Autrichien Michael Haneke.
Cannes est d’abord pour elle le souvenir d’un prix d’interprétation en 2010 pour « Copie conforme » d’Abbas Kiarostami. « Dirigée par un réalisateur iranien au coeur de la campagne toscane, face à un chanteur d’opéra britannique, Juliette Binoche illumine cette histoire universelle mêlant l’amour et l’art et leurs faux-semblants », a rappelé le festival après sa nomination.
Cette brune au rire sonore est née le 9 mars 1964 à Paris dans un milieu artistique, d’un père mime, metteur en scène et sculpteur, et d’une mère comédienne.
Elle a étudié le théâtre au Conservatoire, avant de faire ses débuts sur grand écran sous la direction de Jean-Luc Godard, Jacques Doillon ou André Téchiné, qui l’a révélée en 1985 avec « Rendez-vous ».
Égérie de Leos Carax, dont elle fut la compagne, elle joue dans « Mauvais sang » (1986) puis « Les Amants du Pont-Neuf » (1991), où elle campe une jeune femme aux prises avec la vie de la rue et son dénuement.
Elle a témoigné cette année de l’envers du décor devant une commission d’enquête parlementaire française sur les violences dans la culture, dont le cinéma, créée dans les remous de la vague #MeToo.
Tournant sous l’eau, Juliette Binoche échappe « d’un cheveu à la noyade ». « J’ai été obligée de batailler de toutes mes forces en apnée, sans qu’aucun secours ne me soit apporté (…) ce jour-là, mes limites encore mal définies jusqu’alors sont devenues brusquement nettes », dira-t-elle.
Elle avait auparavant raconté, dans un long entretien à Libération en avril 2024, les nombreux castings à passer nue, « remarques sexistes » et assauts de réalisateurs ou agents à repousser dans les années 1980-90. « Je suis soulagée de voir et d’entendre les témoignages de femmes et d’hommes qui osent exposer les abus qu’elles et qu’ils ont subis », confiait-elle.
A l’écran, sa carrière internationale débute avec « L’Insoutenable légèreté de l’être » de l’Américain Philip Kaufman (1988) et « Fatale » de Louis Malle (1992). Celle qui, pour le Français expatrié aux Etats-Unis, « a une présence et une intensité stupéfiante » se révèle émouvante dans « Trois Couleurs: Bleu » de Krzysztof Kieslowski (1993).
En 1997, consécration avec l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour « Le Patient anglais », avec les Britanniques Ralph Fiennes et Kristin Scott Thomas, qui lui permet de devenir la deuxième actrice française à obtenir la statuette, après Simone Signoret.
Juliette Binoche est aussi l’une des très rares actrices ayant remporté un prix d’interprétation dans les trois grands festivals de cinéma, à Cannes, Venise et Berlin.
Elle enchaîne ensuite des films d’époque, comme « Les Enfants du siècle » aux côtés de son compatriote Benoît Magimel, avec qui elle a une fille. Elle travaille avec Michael Haneke (« Code inconnu », « Caché »), les Français Olivier Assayas (« L’Heure d’été », « Sils Maria », « Doubles vies ») et Bruno Dumont (« Camille Claudel 1915 »), le Taïwanais Hou Hsiao Hsien (« Le Voyage en ballon »)…
En 2022, elle marque les esprits dans « Ouistreham » d’Emmanuel Carrère, qui lui vaut sa 10e nomination aux César français. Elle incarne une écrivaine reconnue, inspirée de la journaliste Florence Aubenas, qui écrit sur le chômage et la précarité en rejoignant une équipe de femmes de ménage.
Un rôle conforme à ses engagements pour une société plus juste et pour l’environnement. L’actrice a aussi soutenu les cinéastes iraniens dans le viseur des autorités de leur pays.
Devançant quelque peu son destin, en 2017, Juliette Binoche jouait son propre rôle dans un épisode de la série « Dix pour cent »… en comédienne choisie comme maîtresse de cérémonie du Festival de Cannes.
Elle reviendra sur les écrans (le 18 juin en France) avec « Le retour d’Ulysse », adaptation de l’Odyssée d’Homère avec Ralph Fiennes, dans laquelle elle incarne Pénélope, celle qui tient tête à tous en attendant le retour de l’être aimé.
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