Il faut avoir suivi, avec rigueur et honnêteté intellectuelle, l’itinéraire de cette initiative pour en comprendre la portée. L’USFP, et à travers lui le Groupe socialiste, n’a jamais traité la motion de censure comme un instrument de chantage politique. Elle n’a jamais été un slogan, encore moins une gesticulation. Dès la fin de l’année 2023, dans une atmosphère politique alourdie par la désillusion populaire et un gouvernement en perte de cap, l’USFP a proposé, en toute responsabilité, de recourir à l’article 105 de la Constitution. Un acte courageux, porté ensuite dans le rapport politique de l’Union socialiste des forces populaires présenté lors du Conseil national du 27 janvier 2024.
Mais ce que certains ont préféré oublier, c’est que cette initiative ne visait pas un effet immédiat. Elle portait un dessein plus large : ouvrir un débat franc et responsable sur les échecs patents du gouvernement, sur l’enlisement des réformes, sur l’urgente nécessité de redonner un sens à la démocratie représentative.
C’est sur fond de multiples dysfonctionnements que cette proposition a émergé. Dysfonctionnements qui, selon le communiqué du Groupe socialiste, «ont eu un impact négatif sur l’action du gouvernement et entravé la mise en œuvre des grandes réformes tant sur le plan économique que social». Il ne s’agit pas ici d’accuser pour accuser, mais de pointer des faits: un affaiblissement du rôle du Parlement, une restriction de l’espace démocratique, une série de pratiques autoritaires et, plus grave encore, une mise à distance manifeste des mécanismes de contrôle parlementaire.
L’absentéisme chronique du chef du gouvernement et de ses ministres aux séances de questions orales n’est pas une coïncidence; c’est un choix politique. Un choix qui reflète un profond mépris des institutions représentatives, et par ricochet, des citoyens eux-mêmes.
Dans ce contexte délétère, le Groupe socialiste a œuvré – souvent seul, parfois avec un soutien incertain – à fédérer l’opposition autour d’un objectif commun. En avril 2024, une lueur d’espoir apparaissait : les présidents des groupes et du groupement parlementaires de l’opposition s’accordaient sur un communiqué pour initier le dépôt de la motion de censure. Mais l’unité s’est rapidement effondrée, brisée par la défection spectaculaire d’un membre de l’opposition.
L’échec de cette première tentative n’a pas dissuadé les Ittihadis. Fidèles à leur engagement démocratique, ils se sont investis dans une commission d’enquête parlementaire sur les subventions aux ovins, exemple précis d’une stratégie de contrôle ciblée, rigoureuse et transparente. Et lorsqu’une nouvelle tentative de motion a été relancée début 2025, ce n’est pas simplement en tant que participant que le Groupe socialiste s’y est engagé : il en a, une fois de plus, été le véritable initiateur, assumant pleinement le leadership de la démarche et s’attachant, avec la même détermination, à satisfaire aux exigences constitutionnelles, notamment la collecte d’un cinquième des signatures à la Chambre des représentants».
Mais, très vite, les illusions se sont dissipées. Les réunions ont révélé «l’absence de volonté réelle et sincère de faire aboutir cette démarche chez certaines composantes de l’opposition». Le Groupe socialiste dresse un constat amer mais précis : des comportements minés par l’ego, des tactiques de parasitage, des fuites médiatiques orchestrées, des agendas cachés. En somme, une trahison du principe de coordination éthique, qui aurait dû être le socle de toute initiative sérieuse de l’opposition.
Dès lors, comment continuer dans ces conditions sans compromettre la crédibilité de l’acte d’opposition lui-même? Car c’est bien de cela qu’il s’agit: du sens, de la dignité et de la rigueur que l’on accorde à la mission d’opposition. Le Groupe socialiste a choisi la cohérence. «Convaincus de l’importance de la clarté des positions politiques exprimées», les Ittihadis refusent la confusion, l’opacité, l’attentisme.
Loin d’abandonner le terrain, ils redéfinissent la bataille. Pas dans les postures, mais dans la continuité du travail parlementaire rigoureux. Pas dans les effets d’annonce, mais dans un contrôle réel, structuré, exigeant. La motion de censure aurait pu être un catalyseur. Elle n’aura été, finalement, qu’un révélateur de l’incapacité de certaines composantes de l’opposition à se hisser à la hauteur des enjeux.
Dans une démocratie mature, l’opposition est le levier d’équilibre, le garant d’un débat de fond. A condition qu’elle soit cohérente, constante, responsable. Le Groupe socialiste – Opposition ittihadie l’a compris. Plutôt que de cautionner une dérive où les instruments constitutionnels sont utilisés comme des gadgets de circonstance, il affirme une ligne claire: celle d’une opposition vigilante, mais surtout sérieuse.
Cette rupture, si elle marque un tournant, trace aussi un chemin. Celui d’un nouveau contrat de confiance entre les représentants et les représentés, entre l’institution et le citoyen. Ce chemin, l’USFP y reste fidèle. Il le parcourt avec constance.
Le message envoyé est fort : l’opposition n’est pas un terrain de jeu pour ambitions éphémères. C’est une mission qui exige loyauté, méthode, hauteur de vue. Ceux qui s’en éloignent finiront par être confrontés à une évidence que les Ittihadis ont fermement inscrite au cœur de leur ligne politique : sans éthique ni clarté, il ne peut y avoir de lutte politique efficace, ni d’alternative crédible.
Et tandis que certains s’égarent dans les calculs politiciens et électoralistes, le Groupe socialiste, lui, continue son combat, au nom des valeurs démocratiques, pour les citoyennes, pour les citoyens et pour les intérêts supérieurs de la Nation.
Mehdi Ouassat
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