Alignement stratégique
Le 26 mai à Rabat, un communiqué conjoint scelle l’instant : le Kenya, par la voix de son Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi, acte son soutien officiel au plan d’autonomie proposé par le Royaume du Maroc pour le Sahara. Mieux encore, le pays annonce vouloir coopérer avec les Etats partageant cette vision pour accélérer la mise en œuvre du plan. En langage diplomatique, cela équivaut à un ralliement ferme.
Il faut mesurer la portée d’un tel revirement. Pendant des décennies, Nairobi figurait parmi les soutiens les plus constants du Polisario. Le Kenya fut l’un des premiers pays africains à reconnaître la pseudo-«RASD» au sein de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Son revirement confirme une tendance lourde : l’Afrique n’adhère plus à la fiction d’un Etat sahraoui indépendant. Elle parie sur la stabilité, l’intégration et le développement — trois axes que seul le Maroc incarne avec crédibilité sur ce dossier.
Gifle diplomatique
Le soutien kényan au plan marocain d’autonomie intervient au terme d’une longue guerre d’influence menée en coulisses. Depuis 2022, Alger a mobilisé tous ses leviers pour garder Nairobi dans le giron du Polisario. Trois visites du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, en deux ans. Pressions, promesses, deals diplomatiques. En vain. Le Maroc, lui, a joué une partition patiente, structurée, stratégique. Résultat : la bascule est actée.
Cette gifle est d’autant plus cinglante qu’elle survient après une série d’indices précurseurs qui, mis bout à bout, annonçaient déjà la fracture : retrait de la reconnaissance de l’entité fantoche par le président kényan dès son arrivée au pouvoir ; ouverture récente d’une ambassade kényane à Rabat ; visites de haut niveau dans les provinces du Sud marocain, notamment à Laâyoune, par des délégations diplomatiques et économiques kényanes. Le processus était enclenché. Il est aujourd’hui acté.
Projet structurant
Ce que certains peinent à comprendre, c’est que le plan marocain d’autonomie n’est pas une simple offre politique. C’est une vision d’ensemble, structurée autour de trois piliers : respect de la souveraineté nationale, gestion démocratique locale et développement économique durable. C’est une solution qui reconnaît la réalité du terrain — des institutions en place, une stabilité remarquable, et une implication massive de la population sahraouie dans la vie politique et économique du Royaume.
C’est précisément cette réalité que le Kenya a constatée. En soutenant ce plan, Nairobi ne fait pas qu’adopter une position diplomatique : elle choisit le camp de l’efficacité, de la légitimité et du progrès. Le plan marocain offre une sortie de crise qui garantit les droits, assure la paix et favorise l’intégration régionale. Aucune autre proposition sur la table ne présente ce niveau de sérieux.
Le terrain parle
A ceux qui persistent à croire que la question du Sahara marocain est gelée, figée ou irrésolue, il suffit de leur montrer les visages de Laâyoune et Dakhla. Routes, ports, aéroports, écoles, hôpitaux, zones industrielles, parcs éoliens. Ce ne sont plus des territoires en attente d’un statut. Ce sont des territoires en mouvement, intégrés dans les circuits économiques du Maroc et de l’Afrique. Des lieux de vie, d’investissement, d’innovation.
Les délégations africaines qui s’y rendent ne s’y trompent pas. Elles viennent voir de leurs yeux ce que la propagande séparatiste tente de masquer : que le Sahara marocain est une réalité politique, sociale et économique. Et que la souveraineté marocaine n’est pas une posture, mais une œuvre quotidienne.
Isolement croissant
Pour les séparatistes, ce revirement du Kenya est un coup dur. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : le Polisario n’a plus ni projet, ni feuille de route, ni ancrage populaire réel. Sa légitimité s’érode chaque jour, même dans ses propres rangs. Le soutien africain, qui fut son socle historique, s’effrite. Sa rhétorique reste figée dans une logique de guerre froide qui ne parle plus à personne.
Quant à l’Algérie, sa diplomatie paraît enfermée dans un automatisme de confrontation. Elle multiplie les réactions nerveuses, les démarches intempestives, les dénonciations stériles. Mais sur le fond, elle recule. Le projet algérien de division du Maghreb est à bout de souffle. L’Afrique n’adhère plus à cette logique d’hostilité permanente. Elle regarde vers le développement, la stabilité, les échanges Sud-Sud. Et sur ces terrains-là, c’est le Maroc qui gagne.
Basculement continental
Le choix du Kenya, loin d’être isolé, s’inscrit dans une lame de fond : la majorité des Etats africains ne reconnaît plus la pseudo-« RASD », ou l’abandonne progressivement. La carte diplomatique du Sahara est en train de changer, profondément. Une trentaine de pays africains ont déjà ouvert des consulats dans les provinces du Sud marocain — un acte fort, un geste de reconnaissance implicite mais concret de la souveraineté du Maroc.
Le consensus international, salué par le communiqué de Rabat, est aujourd’hui un fait. Ce qui était autrefois une option parmi d’autres s’impose désormais comme la seule voie viable et acceptable. Même les grandes puissances, de Washington à Madrid, de Paris à Berlin, convergent vers ce constat : le plan marocain d’autonomie est la seule base sérieuse de négociation.
L’Afrique choisit la clarté
En actant son soutien à l’initiative marocaine, le Kenya tourne une page de son histoire diplomatique et en ouvre une autre, plus alignée avec les dynamiques actuelles du continent. Il rejoint le camp des Etats qui veulent avancer, coopérer, construire.
Le Sahara marocain n’est pas seulement une question de frontières ou de souveraineté. C’est une question de vision pour l’Afrique. Le continent, désormais, regarde vers ceux qui bâtissent — pas vers ceux qui figent. Et c’est là, précisément, que le Maroc marque des points. Un à un, les masques tombent. Et l’Afrique, lucide, choisit la vérité du terrain.
Mehdi Ouassat
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