Ce congrès, soigneusement organisé par la Chabiba ittihadia, a été salué unanimement pour sa rigueur logistique, sa chaleur humaine, mais surtout pour la qualité du débat politique qui y a régné. Ce n’est pas un hasard : l’USFP a toujours été un acteur central dans la dynamique de la gauche arabe. L’accueil réservé à cette réunion n’a fait que confirmer le rôle central du parti de la Rose comme pilier du socialisme démocratique dans le monde arabe
La reconnaissance exprimée dans la déclaration finale à la jeunesse ittihadie n’était donc pas un simple geste de courtoisie. Elle soulignait une réalité politique tangible : l’USFP, à travers sa jeunesse, continue d’occuper une position de référence pour les forces progressistes dans une région en proie à l’instabilité, aux conflits et aux reculs démocratiques.
Au centre du message du congrès, un mot d’ordre : unité. Unité des jeunesses arabes progressistes face aux défis communs, unité des causes nationales, unité dans la résistance face aux forces de fragmentation. Et si une cause s’est imposée comme l’étendard fédérateur de cette union, c’est bien celle de la Palestine.
Le choix de faire de la Palestine l’intitulé central du congrès n’était ni symbolique ni stratégique : il était profondément politique. Le communiqué ne se contente pas d’exprimer une solidarité de principe. Il formule un soutien inconditionnel à la lutte du peuple palestinien, il nomme les choses: une guerre d’extermination, une politique de famine, une occupation brutale. Il revendique le droit du peuple palestinien à construire un Etat indépendant sur les frontières de 1967, avec Al-Qods-Est comme capitale. Rien de plus, rien de moins que le droit international.
Mais ce qui frappe dans cette prise de position, c’est sa maturité politique. Car le soutien à la Palestine ne s’arrête pas à la dénonciation de l’occupation : il inclut la défense de l’unité nationale palestinienne, le rejet de toutes les interférences étrangères qui alimentent la division, et la reconnaissance pleine et entière de l’OLP comme seule représentante légitime du peuple palestinien. Ce sont là des lignes rouges que cette jeunesse ne laissera pas franchir.
Cette clarté se retrouve également dans la vision qu’elle trace pour l’ensemble du monde arabe. Le congrès affirme avec force que les jeunes doivent être au centre des politiques publiques. Non pas comme un slogan, mais comme une exigence de justice, de développement et de démocratie. Leur accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à un logement digne, doit devenir une priorité. Leur participation à la vie politique ne peut plus rester marginalisée. Le congrès pose là les fondements d’un nouveau contrat social.
Et ce n’est pas tout. Il prend soin de rappeler que l’Union de la jeunesse socialiste démocratique dans le monde arabe est une organisation autonome, agissant dans le respect des lois de chaque pays, mais unie par une vision commune : celle d’un monde arabe démocratique, socialement juste, affranchi des ingérences étrangères et des régimes autoritaires.
A l’échelle régionale, les prises de position ne manquent pas de courage. Le congrès dénonce fermement les puissances – qu’elles soient régionales ou internationales – qui financent et arment les milices et groupes terroristes, contribuant à la désintégration des sociétés arabes. Il condamne l’ingérence étrangère sous toutes ses formes, tout en appelant à respecter l’intégrité territoriale de chaque Etat arabe. Le message est clair: pas de progrès possible sans souveraineté.
Ce même souci de paix et d’unité se retrouve dans les dossiers brûlants abordés par le congrès. En Syrie, l’accord récent entre le chef de la transition et les forces démocratiques est salué comme un tournant à préserver, un signal porteur d’espoir. Au Soudan, c’est un appel au monde entier pour qu’il mette fin à la tragédie qui s’y déroule, dans une indifférence quasi-générale. Au Yémen, le congrès appuie fermement l’approche du mouvement socialiste local : un retour aux institutions légitimes, une solution politique et inclusive. En Libye, l’accord de Skhirat est réaffirmé comme socle de stabilité, dans une région où les médiations sincères se font rares.
Mais c’est dans son ton, autant que dans son contenu, que cette déclaration finale se distingue. Elle parle avec une voix consciente et lucide. Elle ne se perd pas dans les effets de manche ou les dénonciations creuses. Elle propose, structure, analyse, revendique. Elle incarne une nouvelle génération politique qui refuse le fatalisme, qui croit encore en la politique, en l’action collective, en la capacité des peuples à transformer leur destin.
En appelant les jeunes arabes engagés dans des conflits fratricides à déposer les armes, en leur tendant la main pour renouer avec le dialogue et la réconciliation, le congrès ose un geste fort. Il s’inscrit à contre-courant d’un discours dominant fait de haine et de repli. Il croit encore à l’unité arabe, non pas comme une nostalgie, mais comme une nécessité historique pour garantir la paix, le progrès et la souveraineté.
Ce congrès de Rabat n’aura pas été un simple rendez-vous symbolique. Il aura été un manifeste, une déclaration de guerre aux logiques d’exclusion, de destruction et d’oppression. Il aura été, aussi, une déclaration d’amour à l’égard des peuples arabes, de leur jeunesse, de leur potentiel et de leur avenir.
Et il n’aurait pas pu avoir lieu ailleurs qu’à Rabat. Dans cette ville où l’USFP a semé, depuis des décennies, les graines d’un socialisme démocratique profondément enraciné, sincère et lucide.
Adam Ali
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