Réuni le 24 juin 2025 sous la présidence du Premier secrétaire Driss Lachguar, le Bureau politique de l’USFP a dressé un constat d’une gravité exceptionnelle. La direction du parti ne mâche pas ses mots : « Le plus grand danger qui menace aujourd’hui la cause palestinienne est de la dépouiller de sa dimension palestinienne et de bloquer toute possibilité d’un choix national indépendant».
Dans cette déclaration au ton grave et à la portée historique, l’USFP rappelle que « les conditions actuelles dépassent tout ce que la cause a traversé en huit décennies de lutte épique. Aujourd’hui, les signes de la Nakba se mêlent à ceux de la Naksa, dans un climat de défaite silencieuse». La centralité de la cause palestinienne, fondement de tant de projets politiques dans la région, est selon le parti de la Rose, sciemment effacée des accords et des jeux d’influence régionaux.
Ce constat, aussi accablant que lucide, s’appuie sur une analyse pointue du contexte humanitaire et politique depuis le 7 octobre 2023. L’USFP dénonce «une situation catastrophique provoquée par les affrontements», qui a coûté la vie à près de 60 000 Palestiniens, en majorité dans la bande de Gaza. Ces chiffres, souligne le communiqué, «traduisent non seulement l’ampleur du génocide, mais aussi la volonté d’anéantir toute structure politique, sociale ou administrative palestinienne».
Les mots sont forts, sans détour : «Le peuple palestinien est devenu réfugié sur sa propre terre. Il est confronté à des plans de déplacement, de transfert forcé et de substitution démographique». A cela s’ajoute le retour des forces d’occupation dans la bande de Gaza, accompagnées d’un processus systématique de destruction : hôpitaux, écoles, sièges politiques et structures civiles ne sont plus que ruines.
Mais plus encore que les bombes, c’est l’indifférence internationale que l’USFP dénonce avec véhémence. Le parti observe avec inquiétude «l’absence totale de la question palestinienne dans les récentes tractations régionales, où a prévalu une ‘diplomatie de la force’». Un silence complice qui, selon les termes du communiqué, transforme la Palestine en «victime d’avant-guerre [NDLR: israélo-iranienne], de la guerre, et d’après la guerre».
Face à cette triple peine historique, l’USFP ne se contente pas de diagnostiquer. Il agit. Fidèle à sa tradition d’engagement, le parti annonce «le lancement d’une campagne de mobilisation et de sensibilisation active, aux niveaux régional, continental et international, pour soutenir la cause palestinienne». Cette initiative ambitieuse visera notamment à activer les réseaux auxquels l’USFP appartient ou avec lesquels elle partage le même combat pour la justice: l’Internationale socialiste, l’Alliance progressiste, la Conférence permanente des partis politiques d’Amérique latine et des Caraïbes (COPPPAL), les organisations de jeunesse et de femmes socialistes, ainsi que diverses plateformes syndicales et de la société civile.
Le parti, profondément ancré dans son héritage de solidarité, réitère son engagement moral, politique et historique : «L’USFP réaffirme son attachement aux revendications légitimes du peuple palestinien, consacrées par les traités internationaux et reconnues par la conscience humaine éprise de justice, de liberté et de paix».
Il ne manque pas non plus de souligner le rôle constant et déterminant du Royaume du Maroc dans cette cause. «Nous sommes fiers des contributions historiques de notre pays, tant au niveau populaire qu’officiel, pour soutenir le peuple palestinien», lit-on dans le communiqué. L’USFP évoque notamment «l’accueil par le Maroc du sommet de la Ligue arabe de 1974 où l’OLP a été consacrée comme seul représentant légitime du peuple palestinien, le rôle du Royaume dans le sommet de Fès en 1982, marqué par l’adoption d’un plan de paix arabe, les négociations de Madrid, l’aide à la survie de l’Autorité palestinienne et le soutien permanent apporté par l’Agence Bayt Mal Al-Qods».
A ce titre, le parti exprime un soutien sans faille aux efforts de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, saluant «son rôle en tant que leader mondial de la paix et du vivre-ensemble, et ses efforts pour réveiller la conscience internationale et rapprocher les différents protagonistes».
Dans cette perspective, l’USFP appelle avec insistance à ce que le Maroc prenne l’initiative diplomatique et politique pour «sortir la région de l’impasse actuelle, causée par des approches extrémistes, des calculs étroits et des tendances hégémoniques». Elle estime que le Royaume «possède aujourd’hui la crédibilité et la reconnaissance nécessaires pour jouer un rôle clé dans la relance du processus de paix et dans la restauration du droit à une décision palestinienne indépendante».
Car l’enjeu est bien là : refuser que le destin du peuple palestinien soit dicté par d’autres, au mépris de son histoire, de sa lutte et de ses sacrifices. «Le plus grand péril aujourd’hui, c’est que la cause palestinienne soit confisquée par des forces extérieures, aux intérêts divergents du projet de libération nationale», avertit l’USFP.
Cet appel vibrant n’est pas seulement une déclaration de principe. Il est une alerte, un cri politique, un devoir de mémoire et une injonction morale. Dans un monde de plus en plus tenté par le cynisme et la realpolitik, l’USFP prend le contrepied de l’indifférence : il redonne à la question palestinienne son urgence, sa dignité, son humanité.
A l’heure où la poussière retombe sur les ruines de Gaza, le parti de la Rose rappelle que la véritable reconstruction ne saurait commencer sans justice, sans reconnaissance et sans espoir d’un État palestinien libre, souverain et viable, avec Al-Qods-Est pour capitale. Il ne s’agit plus seulement de défendre une cause. Il s’agit de défendre l’idée même d’un monde juste.
Mehdi Ouassat
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