Cette évolution s’est opérée à un rythme « néanmoins modéré », souligne le document publié conjointement par Bank Al-Maghrib (BAM), l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC).
Selon les trois institutions, l’encours de la dette des ménages détenue par les banques et les sociétés de financement a atteint près de 427 milliards de dirhams au terme de l’année 2024, ce qui correspond à une progression de 3,8%.
Bien que cette hausse soit plus forte que celle de 3,1% enregistrée l’année précédente, le rapport note qu’il « demeure en deçà des niveaux historiques qui avaient atteint 4,3% en moyenne sur la période 2015-2022 ».
Les données recueillies montrent que les banques détiennent 80% de cette dette, dont près de 62% sous forme de crédits à l’habitat et 38% de crédits à la consommation.
Toujours selon le rapport, « rapportée au PIB, cette dette s’est stabilisée autour de 27%, niveau comparable à celui observé avant la crise pandémique, relativement plus élevé que celui des pays en développement et certaines économies émergentes, mais inférieur à celui des économies avancées ».
De l’avis de BAM, ACAPS et AMMC, cette dynamique reflète une progression de la dette des ménages résidant au Maroc de 3,9% en 2024 contre 3% en 2023, pour atteindre 405 milliards de dirhams ou 25% du PIB contre 26% l’année précédente.
Il apparait, en revanche, que la dette des ménages marocains résidant à l’étranger (MRE) a progressé de 2,7%, après une forte croissance de 5,4% en 2023, constatent les experts des trois institutions.
Rapporté aux transferts des MRE, qui ont atteint 119 milliards de dirhams au titre de l’année écoulée, les chiffres suggèrent que « le volume des crédits bancaires accordés à cette catégorie de ménages représente environ 18,2%, un rapport quasiment inchangé d’une année à l’autre », précise ledit rapport.
BAM, ACAPS et AMMC signalent également une croissance limitée du crédit à l’habitat.
En effet, si l’encours des crédits à l’habitat a progressé de 1,5% (comme l’année précédente) atteignant 265 milliards de dirhams à fin 2024, ce rythme reste en deçà des niveaux historiques.
Pour les auteurs du rapport, cette évolution témoigne d’«une morosité apparente du marché, avec un certain attentisme des consommateurs dans un contexte d’incertitudes».
Qu’à cela ne tienne, l’encours de financement octroyé par les banques et fenêtres participatives, sous forme de Mourabaha destiné à l’acquisition de logement, a augmenté de près de 16% à 25 milliards de dirhams, poursuit ledit rapport.
La même source indique par ailleurs que les crédits à l’habitat à taux fixe demeurent largement majoritaires avec une part de 93% et que les taux appliqués à ces crédits se sont globalement atténués.
Comme le précise le document, « un taux moyen entre 4% et 6% a été appliqué à 79% de ces crédits, en hausse de 2 points de base par rapport à 2023, tandis que la part des crédits pour lesquels le taux appliqué est entre 6% et 8% s’est réduite, pour revenir à 11%. La part des crédits assortis d’un taux inférieur à 4% s’est établie à 9% ».
Les créances en souffrance à un niveau élevé
Un sujet d’attention à bien des égards. Des données du rapport, il ressort que les ménages ont cumulé un encours de créances en souffrance de 44,5 milliards de dirhams marquant une hausse de 6,6% en 2024 contre 6,4% en 2023.
D’après les chiffres, « le taux de créances en souffrance s’est stabilisé autour de 10,5%. Par type de crédit, les prêts à la consommation présentent le taux de défaut le plus élevé à 13,9%, tandis que les crédits immobiliers enregistrent un taux de sinistralité de l’ordre de 8,3% », souligne-t-on.
Les fonctionnaires et quinquagénaires demeurent les plus endettés
L’analyse de l’évolution du taux d’endettement des particuliers apporte aussi son lot d’enseignements. Elle montre que le taux d’endettement moyen s’élève à 34% contre 35% en 2023 et une moyenne de 31% sur la période 2015-2022.
Par catégorie socioprofessionnelle, le rapport constate que « la part des salariés a rétréci de 42% en 2023 à 33% en 2024 au profit des fonctionnaires dont la part est passée de 24% à 28% », tandis que les parts des retraités et des professions libérales sont restées inchangées en une année à 19% et 9% respectivement.
Les fonctionnaires demeurent les plus endettés avec un taux de 40,7% tandis que les autres catégories affichent des taux d’endettement avoisinant les 31%.
Autres enseignements : le taux d’endettement le plus élevé a été observé pour la tranche d’âge allant de 50 à 60 ans s’élevant à 39% suivi d’un taux d’endettement moyen de 36% pour la tranche allant de 40 à 50 ans.
Alain Bouithy
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