Par la poésie et le chant, des Omanais s'efforcent de préserver une langue ancestrale

Par la poésie et le chant, des Omanais s'efforcent de préserver une langue ancestrale
Anwarpress FR mercredi 13 août 2025 - 11:25
Dans les hauteurs verdoyantes du sud d’Oman, des hommes en habits traditionnels déclament, dans une langue ancestrale, des poèmes séculaires pour préserver cet idiome parlé par à peine 2% de la population du sultanat.

Assis sous une tente, le poète Khaled Ahmed al-Kathiri récite des vers, repris en chœur par des hommes en robes blanches. « La poésie jibbali est un moyen pour nous de préserver notre langue et de la transmettre aux jeunes générations », confie-t-il à l’AFP.

La grande majorité des Omanais parlent l’arabe, mais dans la région côtière et montagneuse du Dhofar, frontalière du Yémen, on parle le jibbali (« originaire des montagnes » en arabe), également appelé shehri.

« Une langue en danger » d’extinction, alerte le chercheur Ali Almashani à propos de cet idiome qui ne compte plus que 120.000 locuteurs dans un pays de 5 millions d’habitants.

Alors que l’AFP s’entretient avec le poète, une discussion animée s’engage entre ses compagnons pour savoir si leur langue doit être appelée jibbali ou shehri, et s’il s’agit, ou non d’un dialecte de l’arabe.

Il s’agit d’une langue à part entière, dotée de sa propre syntaxe et de sa propre grammaire, tranche M. Almashani, précisant qu’elle a historiquement servi à composer de la poésie, des proverbes et à transmettre des récits légendaires.

Antérieur à l’arabe, le jibbali-shehri plonge ses racines dans les langues sudarabiques sémitiques, relève le chercheur, qui combine les deux appellations par souci de neutralité.
Selon lui, « c’est une langue très ancienne », longtemps « protégée par l’isolement du Dhofar »:

« Les montagnes l’ont protégée à l’ouest, le désert du Rub al-Khali (le quart vide, ndlr) au nord et l’océan Indien au sud », créant des barrières naturelles.
Mais isolement ne rime pas forcément avec survie.

D’autres langues originaires du Dhofar, comme le bathari, sont quasiment éteintes, « parlées par deux ou trois locuteurs », rappelle le chercheur.
Certains redoutent que le jibbali ne connaisse le même sort.

A l’image de Saïd Chamas, 35 ans, militant sur les réseaux sociaux pour le patrimoine dhofari, qui estime essentiel d’élever ses enfants dans un environnement jibbali afin de contribuer à la survie de cette langue.

Dans les foyers, les enfants grandissent en parlant la langue de leurs ancêtres, en fredonnant des chansons populaires et en mémorisant des poèmes anciens.
« Si tout le monde autour de vous parle le jibbali, de votre père à votre grand-père, en passant par votre mère, alors c’est ce dialecte, ou cette langue, que vous parlerez », note-t-il.

Les poèmes et chants anciens, ajoute-t-il, permettent aussi de préserver un vocabulaire aujourd’hui tombé en désuétude. Et si l’arabe est enseigné à l’école et compris par la majorité, la plupart des parents continuent de s’adresser à leurs enfants dans leur langue maternelle.
Après une récitation de poèmes, de jeunes enfants assurent à l’AFP qu’ils préfèrent parler le jibbali plutôt que l’arabe.

Un enthousiasme qui, pour M. Almashani, ne suffit pas à écarter le spectre d’une extinction: la langue n’est ni enseignée à l’école ni correctement documentée.
Mais les lignes bougent: des efforts ont été entrepris ces dernières années pour étudier le jibbali, le plan économique Vision 2040 d’Oman faisant de la préservation du patrimoine une priorité.

Avec son équipe, M. Almashani espère obtenir le soutien de l’université du Dhofar pour la création d’un dictionnaire d’environ 125.000 mots traduits en arabe et en anglais.
Le projet comprendra également une version numérique intégrant une fonction de prononciation pour restituer les sons les plus spécifiques.


Bouillon de culture
Manuscrits

Les manuscrits historiques de Tombouctou, exfiltrés à Bamako en 2012 pour les protéger des groupes armés, ont été restitués, lundi, à la cité des 333 saints, en présence d’une délégation ministérielle, rapportent des médias locaux.
Symbole de l’âme de la ville, cet ensemble de documents multiséculaires, héritage des érudits et savants ayant marqué l’histoire intellectuelle du Sahel, constitue un patrimoine d’une valeur inestimable.
En 2012, la prise de contrôle du nord du Mali par des groupes armés avait entraîné la destruction de sites historiques à Tombouctou.
Face à cette situation, des habitants avaient alors transféré les manuscrits vers Bamako, permettant de préserver ces trésors, dont certains ont été restaurés sur place.
Le retour des manuscrits marque pour Tombouctou un moment historique et un pas important dans la réappropriation de son héritage culturel.
 


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