Urgence démocratique : Réviser le découpage électoral pour sauver la crédibilité des urnes

Urgence démocratique : Réviser le découpage électoral pour sauver la crédibilité des urnes
Anwarpress FR mardi 26 août 2025 - 15:00
Comment prétendre à un processus démocratique crédible lorsqu’un découpage électoral inéquitable et déséquilibré fausse la représentativité, fragilise l’égalité des voix et mine la confiance des électeurs ?

La révision du découpage est un enjeu politique majeur. Cet article propose des pistes claires et concrètes pour garantir que toute réforme du découpage électoral consolide l’intégrité des urnes, restaure la confiance des électeurs et renforce la légitimité de notre système démocratique.
 
Un découpage électoral dépassé, reflet d’une injustice représentative criante
 
L’ouverture du chantier de la réforme de la carte électorale intervient à un tournant politique majeur, marqué par le discours Royal de la Fête du Trône. En appelant à la mise à jour du cadre juridique électoral avant la fin de l’année, Sa Majesté le Roi ne se contente pas d’un rappel procédural : Il engage la nation tout entière dans une démarche de refondation démocratique.

Or, ce chantier ne peut ignorer le constat alarmant révélé par les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2024. Depuis le dernier découpage en 2011, le Maroc a connu de profondes mutations démographiques : urbanisation accélérée, migrations internes, réorganisation des bassins de vie… Pourtant, notre découpage électoral n’a pas bougé d’un pouce. Résultat : d’énormes écarts de représentativité. Certaines circonscriptions urbaines comptent jusqu’à 200.000 habitants par siège parlementaire, tandis que d’autres en zones moins peuplées n’en comptent que 35.000. Ce déséquilibre heurte de plein fouet le principe de l’égalité entre citoyens, fragilise la légitimité des élus et fausse la carte parlementaire.

Des circonscriptions verrouillées par l’argent : Une menace pour la démocratie (INTER TITRE)
Le déséquilibre ne se limite pas aux chiffres. Il alimente un système où près de 60 % des circonscriptions ne comptent que deux ou trois sièges. Ces petits territoires deviennent des fiefs électoraux où s’imposent notables, clientélisme, réseaux familiaux et argent sale. Dans ces zones, les résultats sont connus à l’avance. Les partis progressistes et transparents y sont marginalisés, quand les marchands de voix prospèrent.

Ce n’est pas un simple dysfonctionnement technique. C’est une attaque directe contre la démocratie. Un scrutin inéquitable produit une représentation déformée, verrouille le pluralisme, et empêche l’émergence de nouvelles élites politiques. A terme, ce système alimente la défiance, l’abstention et l’indifférence politique.
 
Trois pistes pour un découpage plus juste et plus
 
Face à ce constat, trois scénarios de réforme se dessinent :
1.    Un redécoupage territorial ciblé, en créant de nouvelles circonscriptions dans les grandes villes et en fusionnant certaines surreprésentées, tout en conservant le nombre actuel de sièges.
2.    Une augmentation du nombre de sièges par circonscription, pour permettre une meilleure représentativité des courants politiques et corriger les écarts entre les voix.
3.    Une réforme globale, combinant redécoupage territorial et hausse du nombre total de sièges, à l’image de ce qui a été amorcé en 2021.

Dans les démocraties avancées comme la France ou le Canada, le découpage électoral est révisé tous les dix ans. Au Maroc, cela fait plus de quatorze ans qu’aucune révision d’envergure n’a été opérée. Cette inertie n’est plus tenable.
 
L’USFP mobilisé pour un nouveau contrat électoral
 
Pour l’Union Socialiste des Forces Populaires, la réforme du découpage ne peut être dissociée d’une refonte globale de la législation électorale : mode de scrutin, seuil électoral, quotient, financement des campagnes, conditions de candidature, représentation des jeunes et des femmes… C’est l’ensemble du système qui doit être revu pour garantir l’équité, la transparence et l’efficacité.

Dans cet esprit, l’USFP finalise, à travers sa Commission nationale des élections, une note de propositions concrètes et ambitieuses à remettre au ministère de l’Intérieur avant fin août 2025. Cette note s’appuie sur une vision progressiste : justice territoriale, équilibre démographique entre circonscriptions, ouverture à de nouvelles compétences, efficacité législative et reconquête de la confiance citoyenne.
Nous y appelons à un contrôle rigoureux du financement politique, à la simplification des démarches électorales, et à la garantie d’un égal accès à la compétition politique pour tous les candidats.
 
Réformer, c’est choisir la démocratie contre la résignation
 
Ce combat pour la réforme est un combat de fond. Il ne concerne pas que les partis ou les techniciens du droit électoral. Il interpelle chaque citoyen. Le découpage électoral, en déterminant qui nous représente et comment, touche directement à la qualité de notre vie démocratique.

Aujourd’hui, deux voies s’offrent à nous :
•     Soit nous maintenons un système qui produit l’exclusion, la frustration et l’injustice,
•     Soit nous osons une refonte courageuse, à la hauteur des attentes du peuple marocain.
L’USFP, fidèle à son histoire et à son engagement réformateur, se tient prêt à jouer pleinement son rôle dans ce tournant historique. Non pour défendre des sièges ou des intérêts partisans, mais pour défendre une idée noble de la démocratie, fondée sur l’égalité, la participation, et la responsabilité.
 
Faire du découpage électoral un levier de renouveau démocratique
 
Réformer le découpage électoral, c’est refuser le statu quo. C’est redonner du sens au vote, à l’engagement, à la politique. C’est replacer le citoyen au centre du jeu démocratique.
J’invite ici toutes les militantes et tous les militants de l’USFP à s’investir pleinement dans ce chantier national. J’appelle aussi chaque citoyenne et chaque citoyen à ne pas céder au fatalisme, mais à s’emparer de ce débat, à porter leur voix, et à faire de leur vote une arme de changement.

Oui, nous pouvons reconstruire une démocratie plus juste, plus forte, plus représentative. Le moment est venu. L’histoire ne pardonnera pas l’inaction.

Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de l’USFP à Tétouan


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