Réformer le système électoral de 2026 : Un enjeu majeur pour la démocratie marocaine

Réformer le système électoral de 2026 : Un enjeu majeur pour la démocratie marocaine
Anwarpress FR lundi 22 septembre 2025 - 11:00
A l’approche des élections de 2026, le Maroc se retrouve face à un dilemme majeur : refonder son système électoral pour restaurer la confiance citoyenne et crédibiliser la démocratie, ou bien reproduire les mêmes travers qui nourrissent l’abstention, l’argent sale et la méfiance. C’est dans ce contexte que l’Union socialiste des forces populaires avance un mémorandum audacieux, qui va bien au-delà des ajustements techniques et pose la question centrale: quelle démocratie voulons-nous réellement construire ?
 
Un enjeu national décisif, bien plus qu’un détail juridique

L’USFP, à travers son mémorandum, cherche à renouer avec une pratique dont il a l’habitude, interpeller, alerter pour que le pays ne rate pas ses rendez-vous avec l’histoire. C’est justement dans ce même esprit que s’inscrit son mémorandum. D’ailleurs, la question que souhaite soulever le parti est de savoir si le Maroc veut consolider une démocratie crédible et un Etat social fort. La réforme électorale devient ainsi un enjeu national majeur, car elle conditionne la légitimité des institutions et l’avenir du choix démocratique lui-même.
 
Une vision globale contre les réformes de façade

Le parti rejette les bricolages partiels. Pour lui, le processus électoral est un tout : il commence avec l’inscription des électeurs et se termine avec la gestion des institutions élues. Réformer une partie en laissant pourrir le reste, c’est entretenir la méfiance.

Cette vision se nourrit d’un double constat :
A l’intérieur : la vie politique souffre de la corruption électorale, des privilèges injustifiés et du besoin urgent de renouveler les élites.

A l’extérieur : le Maroc traverse une phase cruciale sur la question du Sahara, où il doit s’appuyer sur des institutions représentatives solides pour défendre ses positions.
Réformer le système électoral, c’est donc défendre à la fois la souveraineté nationale et l’Etat social.
 
Les listes électorales : première bataille de la crédibilité

On ne peut pas parler d’élections crédibles avec des listes polluées par des doublons, des noms de défunts ou des inscriptions frauduleuses. L’USFP exige un assainissement radical.
La carte nationale doit devenir la clé unique d’inscription. Les jeunes doivent être inscrits automatiquement à 18 ans. Chaque citoyen doit disposer d’un numéro électoral permanent. Les listes définitives doivent être déposées auprès des tribunaux et actualisées chaque année.

Ce n’est pas du détail technique : c’est la condition de base pour tourner la page des pratiques opaques qui ont trop longtemps miné la confiance.
 
Découpage et candidatures : en finir avec le règne de l’argent

Le découpage électoral est souvent utilisé pour fabriquer des résultats plutôt que pour refléter la volonté populaire. Les petites circonscriptions de 2 ou 3 sièges, véritables niches pour l’achat de voix, doivent disparaître.

L’USFP défend un scrutin de liste plus large, incluant des circonscriptions locales, une nationale pour les femmes et une autre pour les Marocains du monde, avec des sièges répartis selon le recensement de 2024.

Côté candidatures, le parti envoie un message clair : il faut rompre avec la logique du « candidat fortuné » qui achète sa circonscription. La compétence, l’intégrité et la transparence doivent primer. Cela passe par :
L’abaissement de l’âge d’éligibilité à 18 ans,
La déclaration obligatoire de patrimoine, des mécanismes de soutien aux partis qui investissent de vrais profils de qualité.
 
Femmes, jeunes, Marocains du monde : élargir la démocratie

La représentativité reste le talon d’Achille de notre système. Le Maroc ne peut pas se contenter de discours sur la parité : il doit l’appliquer. L’USFP propose d’attribuer un tiers des sièges aux femmes (132 sièges), en vue d’atteindre la parité. Une partie du financement public doit dépendre du nombre de femmes, de jeunes et de personnes en situation de handicap élus.

Le parti insiste aussi sur la participation des Marocains résidant à l’étranger. Ils doivent pouvoir voter directement dans les consulats, comme en France ou en Tunisie. Leur voix compte, et elle doit peser dans les institutions du pays.

Enfin, les médias publics doivent cesser d’être des vitrines fermées. Ils doivent devenir de vrais espaces de débat, où toutes les sensibilités peuvent s’exprimer.
 
Campagnes et scrutin : transparence avant tout

Les campagnes électorales doivent être encadrées pour éviter les dérapages. L’USFP propose de limiter l’embauche massive d’électeurs déguisés en « agents de campagne », d’encadrer strictement les sondages et d’imposer plus de transparence dans l’organisation des bureaux de vote.

Le jour du scrutin, chaque étape doit être contrôlée : publication des listes dix jours avant, présence des représentants des candidats dans tous les bureaux, remise immédiate des procès-verbaux signés et conservation des bulletins jusqu’au règlement des recours.
Les recours doivent être réservés aux acteurs directement concernés pour éviter les manœuvres dilatoires qui paralysent la justice.

Financement et sanctions : mettre fin à l’impunité

Sans argent propre, pas de démocratie saine. Le financement public doit être distribué selon le poids représentatif des partis, avec des règles claires de contrôle et de transparence.

L’USFP propose de criminaliser la falsification des documents électoraux, de renforcer les sanctions contre l’usage des moyens de l’État et de frapper plus durement les violences électorales. Les cumuls de mandats et conflits d’intérêts doivent être interdits. Tout élu qui abuse de sa fonction doit perdre son siège immédiatement.
 
Le défi numérique : prévenir la manipulation

Les élections de 2026 se dérouleront dans un monde dominé par les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle. Les risques de manipulation sont énormes : faux comptes, rumeurs fabriquées, campagnes d’influence.

L’USFP propose une loi-cadre sur l’usage du numérique en politique, la création d’une autorité indépendante de régulation et un pacte national d’éthique digitale. Il appelle aussi à intégrer la langue amazighe dans l’espace numérique électoral, via des contenus en tifinagh et des outils interactifs.

Conclusion : 2026, dernière chance pour restaurer la confiance

Tout est clair : la réforme électorale n’est pas un luxe, c’est une urgence nationale. Les Marocains ne croient plus aux promesses, ils veulent des actes. La démocratie ne survivra pas aux taux d’abstention records et à l’emprise de l’argent sale.

L’USFP propose une feuille de route complète. Si elle est adoptée, 2026 pourra marquer le vrai tournant vers une démocratie crédible et un État social fort. Si elle est ignorée, le Maroc risque de replonger dans la spirale de la méfiance et de l’abstention. Le choix est devant nous : soit des élections pour changer la donne, soit des élections pour reconduire la crise.

Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de l’USFP – Tétouan
 


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