Le rapport entre art et technique au centre d'un colloque à Assilah

Le rapport entre art et technique au centre d'un colloque à Assilah
Anwarpress FR dimanche 5 octobre 2025 - 16:00
Un parterre de chercheurs et critiques ont abordé, vendredi à Assilah, la relation entre les expressions artistiques et le pouvoir de la technique, lors d’un colloque organisé dans le cadre de la 46ème édition du Moussem culturel international d’Assilah.

Selon les intervenants à cette rencontre, placée sous le thème « Art et pouvoir de la technique », cette relation dialectique a oscillé entre marées, rejet et convergence, jusqu’à l’ère de l’intelligence artificielle et son impact sur les aspects de la vie humaine, y compris le goût artistique.

Ainsi, les intervenants ont proposé diverses lectures, chacune selon son champ de connaissances et à partir d’angles d’analyse multiples, souvent enrichis par des exemples des relations entre les arts, dans toutes leurs écoles et doctrines, et tout ce que la technique a produit.

S’exprimant à cette occasion, l’artiste française d’origine taïwanaise, Chu-Yin Chen, s’est concentrée sur les fluctuations qu’a connues l’art en général et sur sa relation avec la machine comme produit scientifique, abordant également ce qu’elle appelle « l’art participatif » et le rôle du créateur et du spectateur dans le processus créatif, à travers la participation et l’interaction grâce aux technologies modernes.

Mme Chen, professeure à l’Université Paris 8, a mis en lumière une partie de son expérience avec les technologies modernes, notamment l’intelligence artificielle, s’inspirant des sciences numériques et des algorithmes pour créer des formes artistiques et des créatures virtuelles.

L’artiste a expliqué que les vies artificielles qu’elle crée par ordinateur, souvent sous forme d’insectes, visent à provoquer une interaction directe avec le spectateur et à l’impliquer dans le processus créatif, reconnaissant que ses œuvres conservent, malgré tout, un « caractère surréaliste ».

Quant à l’artiste plasticien égyptien Ali Said Hegazy, il estime que l’art, de manière générale, se développe de l’intérieur par le perfectionnement de ses propres techniques, tout en reconnaissant que l’art a largement bénéficié des sciences depuis longtemps.

M. Hegazy, également directeur général des centres d’art au ministère égyptien de la Culture, a cité l’art de l’Egypte ancienne, qui reposait en partie sur les mathématiques et l’ingénierie, l’art grec, s’appuyant notamment sur les recherches de Pythagore, puis l’art islamique ancien, caractérisé par les interrelations entre géométrie et calligraphie.

Pour sa part, Youssef Mrimi, universitaire et chercheur en esthétique à l’Université Hassan II – Ain Chock (Casablanca), a abordé le sujet à partir des questions et concepts qui préoccupent artistes, philosophes et intellectuels, tels que l’essence de la relation entre l’art et le pouvoir.

Il a discuté, dans ce sens, de plusieurs concepts et de la perception qu’en ont les artistes, philosophes et chercheurs, tels que beauté, laideur, goût et sensibilité, et leur contrepoint lié au pouvoir, qu’il s’agisse du pouvoir économique ou du pouvoir technique.

M. Mrimi a, par ailleurs, noté que l’objectif de l’œuvre d’art est avant tout de résister à la médiocrité et à la banalité, d’ouvrir des chemins vers la liberté et de combattre la facilité de toute création en recourant à des conceptions technologiques au service de la publicité et du goût préfabriqué.

Dans son analyse, M’hammed Cherkaoui, chercheur en art contemporain à l’Institut national des beaux-arts, a dressé un panorama des périodes de l’histoire de l’art et de sa relation avec la machine, qui est devenue à un moment donné un objet de création artistique, et de la découverte par les artistes de l’esthétique dans des productions liées aux sciences.

M. Cherkaoui estime qu’il existe une forme de fusion entre ce qui est mécanique, malgré la puissance de la machine, et ce qui est esthétique, concluant que l’artiste est capable de transformer tout ce qui touche aux techniques en beauté, voire de rendre les machines elles-mêmes « interactives » et en faire un produit artistique autonome.

Par ailleurs, Hatim Bettioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, considère que la technique est devenue une composante essentielle de la pratique artistique et ne se limite plus à un rôle d’outil auxiliaire ou de médiateur mécanique, mais qu’elle est désormais un espace créatif autonome redéfinissant les concepts d’art et de beauté.

Il a souligné que la technique contribue à élargir les moyens d’expression artistique, permettant à l’art de dépasser ses limites traditionnelles connues pour s’exprimer sous de nouvelles formes et traduire des idées complexes de manière innovante.

Selon M. Bettioui, ces expressions permettent également au spectateur de participer au processus créatif et de démocratiser l’œuvre d’art, qui n’est plus limitée aux institutions académiques mais accessible à tous via les plateformes numériques.

Il est à rappeler que dans le cadre de cette édition du Moussem d’Assilah, un colloque a été organisé dans la « Tente de la créativité » sur le thème « Mohamed Benaïssa : homme d’Etat et icône culturelle » ainsi qu’un autre sur « l’Initiative atlantique : vers une vision africaine intégrée de l’espace atlantique ». Une séance hommage à l’artiste plasticien marocain Abdelkarim El Ouazzani sera également organisée.


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