Sébastien Lecornu, la chute éclair d'un soldat de Macron réputé bon négociateur

Sébastien Lecornu, la chute éclair d'un soldat de Macron réputé bon négociateur
Anwarpress FR mercredi 8 octobre 2025 - 01:00
Discret et réputé habile négociateur, Sébastien Lecornu, fidèle soldat d’Emmanuel Macron, est devenu lundi le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, qui aura échoué à cimenter sa fragile coalition, enfonçant un peu plus la France dans l’impasse politique.
Quatorze heures après l’annonce de son gouvernement, Sébastien Lecornu, 39 ans, a remis lundi matin sa démission au président de la République, qui l’a acceptée.

Quatorze heures après l’annonce de son gouvernement, Sébastien Lecornu, 39 ans, a remis lundi matin sa démission au président de la République, qui l’a acceptée

De tous les gouvernements depuis la première élection en 2017 d’Emmanuel Macron, ministre des Armées pendant plus de trois ans, il avait manqué de peu Matignon l’année dernière. Il aura finalement été nommé début septembre à la tête du plus fugace gouvernement depuis la création de la Ve République en 1958 par Charles De Gaulle, précisément pour en finir avec l’instabilité gouvernementale d’alors.

En succédant à François Bayrou, il avait promis des « ruptures » sur la forme et sur le fond que les oppositions – et la droite dans les derniers jours – estimaient ne pas voir venir.

Privé comme ses prédécesseurs de majorité à l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu avait aussi promis en arrivant d’être « plus créatif », « plus sérieux dans la manière de travailler avec (les) oppositions ».
Peu loquace, c’est en grande partie en coulisses qu’il a étendu son influence et tenté de négocier notamment avec les socialistes.
 
Si le Parti socialiste (PS) a salué son renoncement à utiliser l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote, il le menaçait toujours de censure car il avait écarté nombre de ses demandes.

La nomination de son gouvernement dimanche a ensuite été retardée par les velléités des Républicains (LR, droite), sa famille politique d’origine qu’il a quittée pour rejoindre les rangs d’Emmanuel Macron.

Les Républicains demandaient davantage de garanties sur le fond, et ont été ulcérés par la nomination aux Armées de Bruno Le Maire, mentor politique de Sébastien Lecornu. En tant qu’ancien ministre de l’Economie, Bruno Le Maire est tenu pour responsable des lourds dérapages budgétaires des dernières années.
 
« S’étouffer à petit feu »
 
A la tête du ministère des Armées (2022-2025), Sébastien Lecornu s’était illustré politiquement par ses négociations pied à pied avec les parlementaires pour faire adopter, à la quasi unanimité, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, en hausse de 40% par rapport à la précédente, sur fond de guerre en Ukraine.
Mais « ce n’est pas difficile » de faire passer un budget en hausse, modère un responsable du bloc central.

Sur le budget, alors que son prédécesseur a été accusé de dramatiser la question de la dette, Sébastien Lecornu affirmait récemment ne pas croire que le FMI soit « aux portes de Bercy », le ministère des Finances, tout en se disant convaincu que « si nous ne faisons rien, le pays va s’étouffer à petit feu ».

Originaire de Normandie (nord-ouest), petit-fils de résistant, il s’est lancé très jeune en politique. Sa carrière a débuté à droite, à l’UMP devenu Les Républicains, battant plusieurs records de précocité.

Assistant parlementaire à 19 ans, il devient en 2008 le plus jeune conseiller dans un cabinet ministériel – celui de Bruno Le Maire aux Affaires européennes – puis en 2015, le plus jeune président d’un département, l’Eure, après avoir été maire de sa ville, Vernon.
Propulsé au gouvernement à 31 ans, il passe par plusieurs ministères: l’Ecologie, les Collectivités, l’Outre-mer, puis les Armées.

Réserviste de la gendarmerie, cet amateur d’histoire, élu sénateur en 2020, répétait vouloir rester aux Armées, citant régulièrement l’action de son lointain prédécesseur Pierre Messmer, inamovible titulaire du portefeuille sous le général de Gaulle.

S’il reste discret dans les médias, il a pris la lumière avec la guerre en Ukraine, s’efforçant de mettre en musique le « réarmement » du pays voulu par le chef de l’Etat ou les garanties de sécurité que les Européens seraient susceptibles d’apporter à Kiev.


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