« Nous voulons faire face à cette élection de manière juste et avec sincérité, afin que le gouvernement obtienne la confiance du public », a déclaré mercredi aux journalistes M. Ishiba, 67 ans.
Le président de la chambre basse, Fukushiro Nukaga, a ensuite lu une lettre du Premier ministre portant le sceau de l’empereur, annonçant formellement la dissolution.
Le dirigeant en poste depuis la semaine dernière veut chercher via ce scrutin à consolider son mandat afin d’appliquer son programme de renforcement de la sécurité et de la défense, de soutien accru aux ménages à faibles revenus et de revitalisation des campagnes japonaises.
Le gouvernement de son prédécesseur Fumio Kishida, au pouvoir pendant près de trois ans, a souffert de sondages de popularité historiquement bas, en partie à cause d’un scandale de financement qui a touché son Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), dont est également issu M. Ishiba.
Fumio Kishida était également impopulaire en raison de son apparente incapacité à lutter contre l’inflation, qui a entamé le pouvoir d’achat des Japonais depuis 2022.
Le PLD dispose néanmoins avec son partenaire de coalition, le Komeito (centre-droit), d’une confortable majorité à la chambre basse (290 sièges sur 465).
Avec la dissolution de la chambre basse du Parlement, M. Ishiba veut mettre son parti à l’épreuve des élections avant la fin de sa période de « lune de miel », analyse Yu Uchiyama, professeur de sciences politiques à l’Université de Tokyo.
« Il est logique qu’il ait voulu convoquer une élection rapide dès que le +visage+ du parti a changé, alors que l’élan est encore là », ajoute M. Uchiyama, interrogé par l’AFP.
Selon cet expert, Shigeru Ishiba a aussi voulu prendre l’opposition au dépourvu, car les adversaires du PLD restent indécis sur la manière de se coordonner en vue du scrutin.
Mais la décision de convoquer des élections anticipées a par ailleurs été critiquée, car elle contredit un engagement précédent de M. Ishiba de faire face à l’opposition au Parlement.
Yoshihiko Noda, le dirigeant du Parti démocrate constitutionnel (PDC, centre-gauche), la principale formation d’opposition –99 sièges à la chambre basse–, a jugé que la décision « précipitée » de M. Ishiba visait à lui éviter d’être mis sur la sellette concernant le scandale de financement du PLD.
« Cela m’a fait réaliser une fois de plus que même avec le nouveau Premier ministre, notre politique ne changera pas », a déclaré M. Noda à la chaîne de télévision publique NHK.
Ce week-end, le Premier ministre a annoncé que le parti ne soutiendrait pas pour le scrutin certains de ses membres impliqués dans cette affaire.
Cette annonce reflète le désir de M. Ishiba de montrer au public qu’il peut être « strict », et il a ainsi « probablement regagné un peu la confiance du public », estime M. Uchiyama.
M. Ishiba, favorable à la création d’une alliance militaire régionale sur le modèle de l’Otan, a convenu la semaine dernière que cela ne se ferait pas « du jour au lendemain ».
Selon Yee Kuang Heng, de l’école supérieure de politiques publiques de l’université de Tokyo, cette idée ressemblait à un « retour du passé » rappelant la défunte Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (1954-1977).
Le Japon, comme de nombreux pays industrialisés, est également confronté à une crise démographique, avec un taux de natalité obstinément bas et la population la plus âgée du monde après Monaco.
M. Ishiba a récemment qualifié la situation d' »urgence silencieuse », ajoutant que le gouvernement allait promouvoir des mesures de soutien aux familles, telles que des horaires de travail flexibles.
Soucieux de sortir durablement l’économie de la déflation qui la mine depuis des décennies, il souhaite aussi stimuler les revenus par le biais d’un nouveau plan de relance et d’un soutien aux collectivités locales et aux ménages à faibles revenus.
Le PDC cherche quant à lui à se différencier du PLD sur une série de questions liées à la diversité, notamment en s’engageant à légaliser les mariages entre personnes du même sexe.
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