Le modèle de développement des provinces du Sud, lancé sous l’égide de SM le Roi Mohammed VI en 2015, représente une nouvelle étape dans les efforts du Maroc pour transformer économiquement et socialement la région du Sahara. Avec un budget alloué de 77 milliards de dirhams, ce plan vise à créer un modèle de croissance inclusive, durable et diversifiée, articulée autour de secteurs clés comme l’agriculture, la pêche, les énergies renouvelables et le tourisme. Cette stratégie de développement met aussi l’accent sur le renforcement des infrastructures de base telles que les routes, les ports et les services publics essentiels.
Le programme a déjà permis de construire plusieurs infrastructures majeures, notamment l’extension de la route transsaharienne et le développement de la zone franche de Dakhla en tant que plateforme logistique pour les échanges avec l’Afrique subsaharienne. Selon les indicateurs économiques publiés par la Direction générale des collectivités locales, ces projets ont eu un impact direct sur la réduction du chômage et l’attraction des investissements dans les provinces du Sud.
Quarante ans de politiques publiques : Un soutien constant
L’engagement de l’État marocain en faveur des provinces du Sud ne date pas d’hier. Depuis la Marche Verte en 1975, le Royaume a mis en place plusieurs programmes de développement régional visant à améliorer le bien-être des habitants du Sahara marocain. Parmi ces initiatives, l’expansion des infrastructures routières, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, ainsi que la promotion de l’emploi dans des secteurs stratégiques tels que la pêche et l’exploitation des ressources naturelles, qui ont contribué à améliorer le cadre de vie des habitants.
Les années 1990 et 2000 ont également été marquées par l’accélération de la décentralisation administrative et la création9 des Agences régionales de développement qui ont permis une gestion locale des projets. Par exemple, des projets comme le port de Laâyoune ont renforcé la connectivité de la région avec le reste du pays et au-delà facilitant ainsi les exportations vers l’Afrique subsaharienne et l’Europe.
L’implication des élites dans la gestion des affaires locales
Un autre pilier fondamental de la stratégie marocaine pour le Sahara est l’implication des populations locales dans la gouvernance régionale. Le Maroc reconnaît que pour que ces politiques de développement soient efficaces et durables, les élites sahraouies et les acteurs locaux doivent jouer un rôle actif dans la gestion des affaires locales. Ainsi, le Royaume a favorisé la participation des habitants des provinces du Sud dans les conseils régionaux et municipaux, et a multiplié les efforts pour former une nouvelle génération de leaders sahraouis capables de prendre des responsabilités administratives et politiques.
L’implication des académiciens et des intellectuels locaux est également cruciale pour une gestion plus performante et efficace des enjeux locaux. Des forums comme le Forum Massar pour la démocratie et le développement et des associations comme l’Association Ouled Daoud ont contribué à cette réflexion, menant des études et formulant des recommandations pour une meilleure implication des populations locales dans la prise de décision.
L’autonomie comme solution au conflit artificiel
Le plan marocain d’autonomie pour le Sahara, proposé en 2007 comme solution au conflit du Sahara, constitue une initiative des plus crédibles et réalistes pour régler ce différend de manière durable. Si ce plan était adopté, il offrirait aux provinces sahariennes un large degré d’autonomie tout en restant sous souveraineté marocaine. Cette approche permettrait non seulement de préserver l’intégrité territoriale du Maroc, mais aussi d’impliquer davantage les habitants du Sahara marocain dans la gestion de leurs propres affaires.
Les répercussions économiques de ce projet pourraient être significatives, puisqu’une autonomie bien gérée permettrait de maximiser l’utilisation des ressources locales, d’attirer davantage d’investissements étrangers et de promouvoir la paix et la stabilité dans la région, deux conditions indispensables pour un développement économique durable.
Les indicateurs de développement : Les résultats de la stratégie marocaine
Les efforts du Maroc en faveur du développement des provinces du Sud se traduisent par des résultats mesurables. Selon les rapports publiés par des instances comme l’Observatoire du développement humain et la Direction des études et des prévisions financières, les provinces du sud ont connu une baisse continue du chômage, une amélioration manifeste de l’accès aux services de santé et à l’éducation, ainsi qu’une multiplication des investissements dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables.
Le projet de parc éolien de Boujdour ou encore la centrale solaire de Noor Laâyoune sont des exemples concrets des projets lancés dans le cadre de cette stratégie. Ces projets ne se contentent pas de dynamiser l’économie régionale, mais contribuent aussi à l’autosuffisance énergétique du Maroc, renforçant ainsi sa position en tant que leader régional dans le domaine des énergies vertes.
L’avenir : La nécessité d’impliquer les élites dans la nouvelle gouvernance
Pour que la stratégie marocaine à la faveur du développement du Sahara continue de porter ses fruits, il est crucial de garantir une plus grande implication des élites locales dans la gestion des affaires régionales. Les jeunes Sahraouis, les intellectuels et les acteurs de la société civile doivent être intégrés dans le processus de décision afin de garantir une gouvernance participative et adaptée aux réalités locales.
Le Forum Massar pour la démocratie et le Développement et l’Association Ouled Daoud ont déjà initié des réflexions sur l’implication des jeunes et des élites dans la gestion de la région, proposant des pistes de réformes visant à renforcer leur rôle dans la prise de décision locale.
Par Daoud Abba
Doctorant en droit international et relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat
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