Financement de la Coupe du monde 2030 dans le cadre de la loi de Finances 2025: Répondre aux exigences avec des ressources limitées

Anwarpress FR mardi 19 novembre 2024 - 15:00
Le Maroc se prépare à accueillir la Coupe du monde 2030. L’on ne peut donc ne pas s’interroger sur les dispositions financières prévues à cet effet dans le cadre de la loi de Finances 2025. Les exigences financières liées  à l’organisation de cet événement ont-elles été prises en compte ? Comment le projet de loi de Finances peut-il fournir les investissements nécessaires pour le développement des infrastructures et la modernisation des installations sportives et touristiques ? Comment les budgets des conseils élus et des agences de développement peuvent-ils être intégrés pour soutenir les projets liés à la Coupe du monde 2030 dans les domaines sportif, économique, touristique et culturel? Quelles stratégies pourraient maximiser la rentabilité économique et sociale de cet événement mondial?

Comment éviter les erreurs commises par les précédents pays organisateurs pour garantir une Coupe du monde réussie et durable? De quelle manière les médias peuvent-ils soutenir la promotion de l’événement et informer le public sur la préparation du Maroc pour la Coupe du monde 2030? Comment les médias peuvent-ils renforcer l’image de stabilité et de sécurité du Maroc en prévision de l’accueil de millions de supporters et de touristes ?
 
Rentabilité économique et sociale et défis communs dans l’organisation de la Coupe du monde : Leçons de l’Afrique du Sud, du Brésil, de la Russie et du Qatar

Les expériences d’organisation de la Coupe du monde depuis 2010 offrent des enseignements précieux sur l’impact économique et social de cet événement. Les résultats varient en fonction de la préparation des infrastructures, de la planification financière et de la gestion durable des ressources. L’accueil de la Coupe du monde représente une grande opportunité, mais elle s’accompagne également de défis économiques, sociaux, sécuritaires et logistiques. Pour les 4 derniers pays ayant abrité cet événement mondial,  l’Afrique du Sud (2010), le Brésil (2014), la Russie (2018) et le Qatar (2022), les principaux challenges ont consisté en :
 
Coûts économiques élevés : L’Afrique du Sud, le Brésil, la Russie et le Qatar ont alloué des budgets importants pour le développement des infrastructures et la construction de stades, pesant lourdement sur leurs économies nationales et soulevant des questions sur les bénéfices à long terme. Ces investissements ont également provoqué des protestations, les citoyens critiquant l’utilisation des fonds pour l’organisation de la Coupe du monde au lieu de les orienter vers le développement de secteurs vitaux comme l’éducation et la santé.
 
Défis sécuritaires : La sécurité a été un axe majeur, nécessitant une augmentation des dépenses pour protéger les foules et les participants. Chaque pays a dû faire face à ses propres défis sécuritaires, du crime en Afrique du Sud aux cybermenaces en Russie. Ces défis ont nécessité un renforcement des forces de sécurité, une surveillance numérique accrue et une coopération internationale.
 
Défis sociaux et droits des travailleurs : En Afrique du Sud et au Brésil, des manifestations ont eu lieu pour exiger une meilleure allocation des ressources. Le Qatar a été critiqué pour les conditions de travail de ses travailleurs migrants, ce qui l’a poussé à réformer certaines de ses lois du travail.

Défis logistiques et de transport : Le défi de transporter des milliers de fans dans les différentes villes hôtes a été particulièrement présent pour l’Afrique du Sud, le Brésil et la Russie. Le Qatar a relevé ce défi en développant un réseau de métro moderne, mais la petite taille de l’État a limité les capacités d’accueil.
 
Défis environnementaux et durabilité : L’entretien des infrastructures a été une charge pour les pays organisateurs, certains stades restant sous-utilisés après l’événement. Au Qatar, bien que des efforts aient été faits pour garantir une empreinte carbone neutre, la consommation élevée d’énergie pour la climatisation des stades a posé un défi environnemental majeur.
 
Défis culturels et sociaux : Le Qatar a dû gérer les attentes des fans internationaux tout en respectant les traditions locales, notamment en matière de consommation d’alcool. Le Brésil et l’Afrique du Sud ont été témoins de tensions sociales dues à des dépenses jugées excessives pour l’événement.

Infrastructures non durables : L’Afrique du Sud, le Brésil et la Russie ont fait face au défi de maintenir les infrastructures sportives après l’événement, certaines devenant inutilisées, imposant ainsi une charge financière pour les gouvernements. Le Qatar a envisagé de transformer certains stades en infrastructures communautaires pour assurer une utilisation continue après le Mondial.
 
Développement économique, touristique et social et rôle des médias dans la promotion de la Coupe du monde

Le Maroc espère tirer de grands bénéfices économiques de la Coupe du monde, avec une augmentation des recettes touristiques qui pourraient atteindre 30% du PIB, contre 7% actuellement. Il prévoit de recevoir environ 26 millions de touristes d’ici 2030, ce qui stimulera les services hôteliers et touristiques avec des revenus estimés entre 2 et 3 milliards de dollars. En parallèle, des projets d’infrastructures, comme le développement du réseau routier et du train à grande vitesse «Al-Boraq», réduiront le temps de trajet entre Casablanca et Agadir, facilitant la mobilité entre les villes hôtes.

Les médias jouent un rôle essentiel pour promouvoir ces avantages économiques en montrant l’évolution des infrastructures et en soutenant l’image du Maroc en tant que destination touristique et d’investissement. Des campagnes publicitaires internationales pourraient augmenter le tourisme de 20% après la Coupe, attirant des investisseurs dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, l’industrie automobile et l’hydrogène vert.
 
Préparatifs de sécurité et rôle des médias dans la sensibilisation du public

La sécurité est une priorité pour accueillir la Coupe du monde, nécessitant une coordination étroite entre le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Les efforts incluront une surveillance modernisée avec intelligence artificielle pour suivre les menaces potentielles, renforcée par des campagnes de sensibilisation diffusées par les médias pour éduquer les visiteurs sur les mesures de sécurité. En intégrant les citoyens dans ces efforts par une communication transparente et des initiatives participatives, la confiance pourra être renforcée pour un engagement sociétal durable et une organisation réussie.

En somme, l’organisation de la Coupe du monde 2030 représente pour le Maroc une occasion unique de générer des retombées économiques et touristiques majeures, d’améliorer ses infrastructures et de promouvoir un environnement de sécurité exemplaire. En mobilisant les médias pour diffuser une image positive des préparatifs et des atouts du Maroc, cet événement pourrait laisser un impact durable, consolidant ainsi la position du pays sur la scène internationale et renforçant sa vision d’un développement durable et global.

Il est essentiel que cette dynamique intègre également le développement de projets sociaux, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la protection sociale, en harmonie avec les axes stratégiques de l’Etat social. En investissant dans ces secteurs, le Maroc pourrait non seulement rehausser la qualité de vie de ses citoyens, mais aussi démontrer son engagement envers un développement équilibré et inclusif, garantissant que les bénéfices de cet événement international soient partagés de manière équitable au sein de la population.


Financement de la Coupe du monde 2030 dans le cadre de la loi de Finances 2025: Répondre aux exigences avec des ressources limitées
Par ailleurs, la lutte contre le chômage doit être placée au cœur de cette vision. En créant des emplois à travers les divers projets d’infrastructures et en stimulant les secteurs du tourisme, du sport, et des services, le Maroc pourrait contribuer significativement à la réduction du taux de chômage, particulièrement chez les jeunes. Cet effort permettrait non seulement de dynamiser l’économie, mais également de favoriser une meilleure insertion professionnelle, contribuant ainsi à une croissance socioéconomique durable et inclusive.

Par Dr. Mohamed ASSOUALI
Membre du Comité national d’arbitrage et d’éthique de l’USFP


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