Pablo Marçal, l'outsider conservateur qui électrise les municipales à Sao Paulo

Pablo Marçal, l'outsider conservateur qui électrise les municipales à Sao Paulo
Vidéos virales et phrases chocs, il s’est imposé de façon foudroyante parmi les favoris à l’élection municipale à Sao Paulo: l’influenceur brésilien Pablo Marçal surfe sur la vague conservatrice, bousculant même l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Suivi par plus de 25 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, cet ancien « coach » au style provocateur se présente à 37 ans en « principal acteur numérique » du Brésil.

Marçal reconnaît que ses propos les plus polémiques, parfois basés sur de fausses informations, visent à « attirer l’attention » des électeurs et des médias traditionnels 

Depuis son entrée fracassante en août dans la course à la mairie de la ville de 12 millions d’habitants, plus grande métropole d’Amérique latine, Pablo Marçal n’a cessé de grimper dans les sondages.

A moins d’un mois des municipales du 6 octobre, il est donné au coude-à-coude avec le maire sortant Ricardo Nunes (droite), soutenu par Jair Bolsonaro, et Guilherme Boulos (gauche), adoubé par le président Luiz Inacio Lula da Silva.

Avec son discours que ses adversaires qualifient d' »agressif », défendant la « liberté » à tout prix et s’érigeant en héraut de la lutte contre le « communisme », l’influenceur séduit de nombreux jeunes, des fidèles de confession évangélique et des sympathisants de M. Bolsonaro.

« Les gens veulent de la liberté, dire ce qu’ils pensent. Ils ne veulent pas d’idéologie +woke+ totalement dépassée », dit le candidat du Parti rénovateur travailliste brésilien (PRTB) à l’AFP, à l’issue d’une intense journée de campagne dans un quartier aisé de Sao Paulo.

Dans la rue, il arbore une casquette bleu marine avec un grand « M » majuscule, initiale de son patronyme devenue logo de campagne. Un « M » qu’il aime aussi former avec trois doigts d’une main, autre signe de ralliement.
 
Il appelle à déloger les « incompétents » des pouvoirs publics et prône l’austérité économique pour créer de l’emploi, surtout pour les plus pauvres.

« Il dit tout haut ce que de nombreux Brésiliens pensent tout bas », s’enthousiasme Sara Maria Nunes, infirmière de 50 ans, coiffée elle aussi de la fameuse casquette bleu marine.
Fils d’un fonctionnaire et d’une femme de ménage, Pablo Marçal est né à Goiania, dans l’Etat rural de Goias (centre-ouest).

Il est devenu célèbre sur internet avec ses conférences de « coaching » en développement personnel et ses cours en ligne pour apprendre à gagner de l’argent facilement.
L’influenceur est d’ailleurs le plus fortuné des candidats à la mairie de Sao Paulo, selon les médias locaux.

Physique athlétique, marié et père de quatre enfants, sa stratégie pour dominer les débats en ligne est aussi efficace que controversée.
Il a ainsi promis de payer des internautes prêts à créer des profils pour partager ses vidéos, ce qui a amené la justice électorale à suspendre certains de ses comptes sur les réseaux sociaux.

Mais, jure-t-il, « toute persécution ne fait qu’accélérer » sa marche vers la victoire.
Pablo Marçal reconnaît sans fard que ses propos les plus polémiques, parfois basés sur de fausses informations, visent à « attirer l’attention » des électeurs et des médias traditionnels, qui lui consacrent quantité d’articles mi-fascinés, mi-effarés.

« Je ne vais pas m’excuser de dire ce qui doit être dit. Mais après la campagne, on n’a plus besoin de faire la guerre », affirme celui qui ne cache pas son ambition de devenir un jour président du Brésil.
Ses détracteurs ne se privent pas de rappeler qu’il a été condamné à quatre ans et demi de réclusion pour vol en 2010, même s’il n’a jamais été incarcéré.

« Il représente l’extrême droite pur sucre, la haine, le mensonge », cingle Guilherme Boulos.
Certains voient déjà Pablo Marçal menacer, dans le camp ultra-conservateur, le monopole de Jair Bolsonaro, qui cache de moins en moins son irritation. Même s’il a de nombreux points communs avec l’influenceur, l’ex-président (2019-2022) soutient toujours officiellement Ricardo Nunes, quitte à s’attirer des critiques parmi les siens.

Lui-même pur outsider avant de s’imposer par surprise à la présidence, « Bolsonaro a d’une certaine manière trahi les élans du camp bolsonariste en soutenant un candidat issu de la politique traditionnelle », de quoi renforcer encore l’image de « candidat antisystème » de Pablo Marçal, estime le chercheur Jonas Medeiros.