Gregg Popovich, entraîneur d'élite

Gregg Popovich, entraîneur d'élite
Anwarpress FR mercredi 7 mai 2025 - 16:00
Avec cinq titres de champion, Gregg Popovich, entraîneur à la longévité unique, qui a annoncé son retrait dernièrement, a placé San Antonio sur la carte de la NBA et veillé aux destins des Français Tony Parker et Victor Wembanyama entre exigence et traits d’humour.

Avoir le sens de l’humour a une énorme importance pour moi car je pense que les gens qui n’ont pas d’autodérision, qui n’apprécient pas les moments drôles, ne sauront pas tout donner pour un groupe

Arrivé en 1996 à la tête des Spurs, qui n’avaient rien gagné avant lui, il a établi le record de victoires en NBA (1.422), conquis cinq titres (1999, 2003, 2005, 2007 et 2014) et laissé un héritage colossal en formant des dizaines d’entraîneurs et des centaines de joueurs avec une ouverture d’esprit peu commune dans la ligue nord-américaine de basket.

Tantôt drôle et brillant, souvent grincheux et sarcastique, Popovich esquissait parfois un petit sourire à la fin de l’exercice qu’il détestait pourtant le plus: répondre aux journalistes. Rien ne l’amusait tant que de voir leurs mines livides après les avoir malmenés.

Il se payait par exemple les costumes extravagants de sa « victime préférée », le regretté Craig Sager. Le jour où le journaliste de TNT reparut amaigri après un traitement contre le cancer, « Pop » l’enlaça et montra son vrai visage, chaleureux, humain, avant de se reprendre: « Maintenant pose tes deux questions stupides ».

« Avoir le sens de l’humour a une énorme importance pour moi car je pense que les gens qui n’ont pas d’autodérision, qui n’apprécient pas les moments drôles, ne sauront pas tout donner pour un groupe », expliquait-il en 2015.

L’année précédente, c’est avec une équipe sacrément unie qu’il remporta son dernier sacre, le plus beau. D’abord parce qu’au sommet de leur art, les Spurs prirent une revanche éclatante sur le Miami Heat de LeBron James, après une cruelle défaite lors de la finale de 2013.

Ensuite parce que ce titre, qui dut aussi beaucoup au jeune Kawhi Leonard, consacrait une dernière fois le trio Tim Duncan-Tony Parker-Manu Ginobili, sept ans après le quatrième que beaucoup pensaient être leur dernier.
De ces trois joueurs si différents, « coach Pop » a tiré le meilleur.

S’il trouva en Duncan son alter ego et sut immédiatement que leur « mariage » fonctionnerait, il accepta, un peu malgré lui, de laisser libre cours au génie de l’artiste Ginobili, dont l’imprévisibilité – l’ennemi de tout entraîneur – fut plus souvent gagnante que perdante.
Quant à Parker, drafté à 19 ans, il décida au contraire de le pousser au bout de lui-même. Ce qui n’empêcha pas le Français de le considérer ensuite comme un deuxième père.

« Lors d’un de ses premiers entraînements, j’avais amené quelques gars pour lui rentrer dedans. Je voulais voir ce qu’il avait dans le ventre. Il m’a impressionné. Alors, je lui ai dit, balle en mains: +C’est à toi, trouve des solutions, je vais t’aimer et te gueuler dessus en même temps+ », résumait-il.

Ce faisant, Popovich, né le 28 janvier 1949 à East Chicago (Indiana) d’un père serbe et d’une mère croate, renouait avec son passé d’officier. De ses cinq années dans l’armée de l’air, après des études de civilisation soviétique, il retint les vertus de l’organisation et de la discipline.

Capitaine de l’équipe des forces armées américaines, il parcourut l’Europe de l’Est et l’URSS dans le cadre de tournées en 1972 et comprit que le basket n’était pas qu’américain. Nul hasard si les Spurs deviendraient sous son ère la plus cosmopolite des équipes de NBA.

La légende l’a fait espion. Après avoir longtemps entretenu le mystère, il concéda avoir un temps été dans le renseignement, à la base de Diyarbakir, en Turquie. « Je stationnais à la frontière, ce n’est pas comme si j’étais James Bond. »

Il fit ses premiers pas en NBA en 1986 en tant qu’adjoint à San Antonio puis Golden State, avant de revenir aux Spurs comme manager général en 1995 et de prendre un an plus tard la tête de l’équipe.

Une première saison plombée par la blessure de la star David Robinson lui permit d’obtenir le premier choix de draft en 1997 pour sélectionner Tim Duncan, point de départ de son épopée.

Vingt-six ans plus tard, le destin offrit aux Spurs un nouveau premier choix, le phénomène français Victor Wembanyama (2,24 m), un diamant brut sur le court à l’esprit aiguisé que Popovich prit plaisir à polir pendant un peu plus d’une saison pour lancer un nouveau cycle.

Popovich, coach des États-Unis sacrés champions olympiques en 2021 à Tokyo, se plaisait à former des « joueurs » et des « hommes » et lança aussi en tant qu’adjoint des dizaines d’entraîneurs parmi lesquels, fait inédit en NBA, une femme, Becky Hammon.

Cet architecte du jeu ne mâcha pas ses mots contre le deux fois président Donald Trump, « menteur », « raciste », « pathétique ».
Du « Pop’ art », sur et hors des courts.


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