Un contexte d’urgences nationales et internationales
Dès l’ouverture de son allocution, Driss Lachguar a campé le décor d’un Maroc plongé dans un monde secoué par les crises, où la politique ne peut plus se permettre l’indifférence. «Nous vivons dans un contexte national et international en mutation permanente, où l’incertitude est devenue la seule certitude».
Le leader socialiste a salué la fermeté du Royaume dans la défense de son intégrité territoriale, soulignant les victoires diplomatiques engrangées sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI : «Grâce à la sagesse de notre diplomatie et à la fermeté de notre position, le rêve illusoire de nos adversaires se rétrécit chaque jour davantage».
Lachguar a également célébré la dynamique économique impulsée dans les provinces du Sud, en particulier le rôle de ces régions comme passerelle vers l’Afrique de l’Ouest, à travers l’initiative marocaine de l’Atlantique: «La transformation de nos provinces du Sud en locomotive de développement illustre une volonté stratégique de rééquilibrer le centre de gravité de notre économie».
La Palestine, une cause nationale et morale
L’émotion était palpable lorsque le Premier secrétaire évoqua la tragédie palestinienne, dénonçant sans équivoque les crimes de guerre commis à Gaza :
«Nous condamnons avec la plus grande fermeté les attaques barbares menées par le gouvernement israélien d’extrême droite contre un peuple désarmé».
Mais au-delà de la condamnation, Lachguar a réaffirmé l’engagement historique de l’USFP :
«La cause palestinienne est une cause nationale pour nous. Elle ne saurait être réduite à un enjeu diplomatique. Elle est un combat pour la justice».
Dérives institutionnelles: la démocratie en péril
L’un des moments forts du rapport fut sans doute la dénonciation implacable du «comportement hégémonique» du gouvernement. Driss Lachguar n’a pas mâché ses mots: «Dès le début de cette législature, nous avons mis en garde contre la dérive autoritaire d’un exécutif qui empiète sur les prérogatives des autres institutions».
Il a fustigé une majorité qui se comporte, selon ses termes, comme un «parti unique déguisé», évoquant un retour en arrière dangereux: «Ce que nous observons, c’est la volonté de faire taire les voix discordantes, de marginaliser l’opposition et d’imposer un modèle fermé, contraire à l’esprit de la Constitution».
Une économie en panne, un peuple sous pression
Sur le plan économique, le rapport dresse un constat sévère : croissance atone, inflation galopante, perte de pouvoir d’achat. Le Premier secrétaire assène: «La croissance économique n’a pas dépassé les 2,7%, alors même que le gouvernement avait promis 4%. C’est un échec cuisant». Il enchaîne : «Le taux de chômage atteint des sommets inquiétants, en particulier chez les jeunes. Et plus de 80% des familles marocaines déclarent une dégradation de leurs conditions de vie».
Pour l’USFP, la politique sociale menée par l’exécutif est aussi inefficace qu’injuste. La concentration des aides, l’opacité dans leur distribution, le clientélisme rampant sont autant de plaies ouvertes : «Ce gouvernement distribue les ressources publiques comme s’il gérait un patrimoine partisan. C’est un détournement éthique de la mission de l’Etat».
Une réforme électorale sabotée
A l’approche des échéances de 2026, l’USFP tire la sonnette d’alarme. Le dirigeant ittihadi dénonce le refus du gouvernement de réviser à temps la loi électorale: «Nous avons réclamé l’ouverture du chantier de la réforme électorale à bonne distance des élections. Ils n’ont rien voulu entendre».
Il s’inquiète des manipulations électorales en préparation : «Le pouvoir en place s’organise pour que les prochaines élections ne soient qu’une formalité. Nous refusons de participer à un simulacre de démocratie».
Pour une réforme profonde de la décentralisation
Le rapport politique de Driss Lachguar accorde une place centrale à la question territoriale, dénonçant le déséquilibre chronique entre l’Etat central et les collectivités locales :
«Il n’y a pas de démocratie réelle sans un pouvoir local fort, autonome, et capable d’initiative».
Le Premier secrétaire a rappelé l’histoire militante de l’USFP en faveur de la décentralisation effective: «Depuis les premières élections locales en 1960, l’USFP n’a cessé de défendre la légitimité des élus locaux contre la domination de l’administration centrale».
Il a déploré que les avancées prévues par la Constitution de 2011 restent lettre morte : «Nos collectivités sont asphyxiées, encadrées par une tutelle étouffante. Nous voulons des régions qui respirent, qui innovent, qui bâtissent».
En somme, il plaide pour un nouveau pacte de gouvernance territoriale, dans lequel les citoyens ne sont plus des spectateurs, mais des acteurs du développement.
Une opposition responsable, mais résolue
Le rapport rappelle que l’USFP ne s’est pas contenté de dénoncer, mais a agi : demande de réforme électorale, participation aux forums internationaux, coordination parlementaire pour déposer une « motion de censure » contre le gouvernement: «Notre motion n’était pas seulement un acte politique. C’était un cri d’alerte. Une alerte lancée pour dire: Assez!». Et de conclure avec fermeté: «Nous ne permettrons pas qu’une majorité arrogante vole la démocratie à ce pays. Nous continuerons à lutter, avec espoir, intelligence et responsabilité».
L’USFP, force d’avenir et de combat
Le rapport se termine sur une note tournée vers l’avenir. Driss Lachguar propose la tenue du prochain Congrès national en octobre 2025, et appelle à une mobilisation générale: «Le temps est venu de renforcer nos structures, de renouveler nos idées, de parler au peuple, et de lui redonner confiance». Il insiste sur le rôle moteur de l’USFP dans la refondation démocratique:
«L’USFP n’est pas un parti de nostalgie. C’est un parti de projets, de justice, de modernité et de liberté».
Soutien au monde rural et alerte sur la souveraineté alimentaire
Le rapport met aussi en lumière les tensions croissantes dans le monde rural. Lachguar fustige un soutien «biaisé, clientéliste et centralisé» aux agriculteurs: «Le soutien aux éleveurs ou aux petits agriculteurs ne peut pas être conditionné à la couleur politique des régions». Il en appelle à une souveraineté agricole assumée, axée sur l’économie vivrière et la résilience climatique: «Il est temps de repenser notre modèle agricole. La sécurité alimentaire est une question de souveraineté nationale».
Une voix forte dans le concert des nations
Fier de l’ancrage international de l’USFP, l’USFP consacre une partie importante de son rapport aux liens tissés à l’échelle mondiale: «L’USFP est aujourd’hui un acteur reconnu sur les scènes africaine, euro-méditerranéenne et latino-américaine». Il rappelle que le parti a:
– Accueilli à Rabat et Marrakech plusieurs forums internationaux, notamment ceux de l’Internationale socialiste.
– Intégré des réseaux progressistes mondiaux, dont la COPPPAL en Amérique latine.
– Réaffirmé, partout, le soutien à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara.
Et de conclure: «Le socialisme marocain est un humanisme universel. Il parle arabe, amazigh, espagnol et français. Il défend la justice partout».
Vers un Congrès de refondation: rendez-vous en octobre
Dans un appel à la mobilisation générale, Driss Lachguar a proposé la tenue du Congrès national du parti les 17, 18 et 19 octobre 2025 à Bouznika. Ce Congrès devra, selon lui :
«Redéfinir notre projet, renouveler notre direction et ouvrir les portes à une nouvelle génération d’hommes et de femmes». Il insiste sur une vision collective et participative: «Le parti ne nous appartient pas. Il appartient à celles et ceux qui y croient, qui se battent et qui espèrent».
Une alerte, une promesse, un serment
Dans les dernières lignes de son rapport, Driss Lachguar ne dissimule ni son inquiétude, ni son espoir. Il parle au nom de son parti, mais surtout au nom d’une conscience patriotique indignée : «Nous aimons ce pays plus que nos postes, plus que nos intérêts. Nous sommes prêts à nous battre, encore et toujours, pour que la démocratie ne soit pas une parenthèse».
Et de livrer, avec gravité, une dernière exhortation: «L’Histoire nous observe. Nous n’avons pas le droit de trahir la mémoire des résistants, des martyrs, des militants».
Ce rapport politique, aussi dense qu’engagé, n’est pas un simple exercice de style. C’est un texte de combat, un acte de foi, une main tendue vers l’avenir. Dans le brouillard d’un moment politique flou et inquiétant, l’USFP allume ici une torche : celle de la justice sociale, de l’éthique publique et du patriotisme éclairé.
Le parti de la Rose, par la voix de Driss Lachguar, montre qu’il est toujours debout, toujours résolu, toujours nécessaire. «Nous sommes l’USFP. Et tant que la lumière vacille, nous resterons la main qui la protège du vent».

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