Un hommage à un pionnier du volontariat marocain
La mémoire du Dr. Kabir Ahjou, disparu en 2021, restera gravée dans l’histoire comme l’un des plus fervents défenseurs du bénévolat de proximité. Militant dans l’âme, il a consacré sa vie à servir les plus démunis, considérant que «l’engagement envers l’être humain humble est la quintessence du patriotisme». Son héritage, marqué par des centaines d’initiatives sociales, éducatives et sanitaires, a inspiré des générations de jeunes à embrasser la voie du volontariat.
Les années 90 : l’émergence d’un mouvement citoyen inédit
Dans un communiqué publié à cette occasion, le Centre Taousna a rappelé que « depuis le début des années 90, le Maroc a vu naître une expérience singulière de volontariat, portée par des jeunes issus des zones rurales, animés par un esprit combatif et une foi inébranlable dans le changement ». Loin d’être une simple activité complémentaire, ce mouvement s’est imposé comme un cri de révolte contre la marginalisation et un message d’espoir pour des villages entiers privés des conditions les plus élémentaires de vie digne.
Face à l’absence criante d’infrastructures (eau potable, électricité, routes), à la déliquescence des services publics (éducation, santé) et à l’exode rural massif, ces bénévoles ont relevé des défis titanesques : Creusement de puits et installation de réseaux d’eau potable ; construction de routes et désenclavement de douars reculés ; édification d’écoles, équipement de salles de classe et mobilisation pour la scolarisation, notamment des filles ; organisation de caravanes médicales et de campagnes de sensibilisation en santé communautaire.
Un modèle de résilience et de solidarité
Malgré le manque de moyens et le peu de soutien institutionnel, ces volontaires ont réussi, grâce à leur ténacité et leur esprit coopératif, à impulser des transformations profondes. Leur action a permis : une reconfiguration des dynamiques territoriales, avec l’émergence de nouvelles zones de développement ; une nette amélioration des taux de scolarisation, en particulier chez les jeunes filles ; la mise en place de transports scolaires, facilitant l’accès à l’éducation pour des milliers d’enfants ruraux et l’éclosion d’une conscience collective autour des enjeux du développement local.
Les associations locales : creuset du changement
Ce colloque a également mis en lumière le rôle central des associations locales, qui ont servi de cadre organisationnel à ces initiatives. Ces structures ont fédéré des jeunes diplômés, des militants et des villageois expérimentés, créant ainsi une synergie entre savoir académique et savoir-faire communautaire. Le volontariat s’est ainsi imposé comme un levier efficace de développement rural, fondé sur une approche participative et inclusive.
Bilan et perspectives : vers une nouvelle ère du bénévolat
Cette rencontre a été l’occasion de documenter les réussites et les enseignements tirés de trois décennies d’actions bénévoles ; d’évaluer de manière critique les acquis, tout en identifiant les lacunes à combler et d’esquisser les contours d’une nouvelle phase d’engagement, adaptée aux défis contemporains.
En conclusion, ce colloque a rappelé que le « Maroc profond » reste un terreau de résilience et de créativité sociale. Grâce à l’abnégation de ses fils et filles, il continue d’écrire, jour après jour, une épopée de développement humain où le volontariat demeure un acte de résistance et d’amour pour la patrie.
«Servir, c’est résister. Résister, c’est bâtir.» — Hommage à Dr. Kabir Ahjou.
Hassan Bentaleb
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